Rock & Folk

DAN AUERBACH

De retour de vacances, l’homme des Black Keys a recruté quelques célèbres gâchettes pour son deuxième Dan.

- Jonathan Witt

L’annonce d’un nouvel album solo de Dan Auerbach, huit longues années après “Keep It Hid”, en a surpris plus d’un. Pour en savoir plus, rendez-vous nous est donné dans un hôtel prestigieu­x de la capitale, toute vibrante de remous électoraux. Une porte dérobée, un escalier sombre, et nous voilà dans une chambre confortabl­e, face au pâle visage de Dan, visiblemen­t harassé par le décalage horaire mais guilleret à l’idée d’évoquer ses derniers projets.

Expérience traumatisa­nte

Pourtant, sa dernière visite sous nos cieux ne s’était pas achevée de la façon la plus sereine, puisque notre homme donnait un concert accompagné

de The Arcs le soir du funeste 13 novembre : “Je me souviens de tout, c’était surréalist­e. Le meilleur show de la tournée, une foule géniale. Et puis quand on s’est retrouvés backstage, que des visages dévastés... C’était tellement bizarre. On a ensuite appris ce qui s’était passé. Le bâtiment était bouclé, les sirènes hurlaient à l’extérieur. Deux heures ont passé et puis on a sauté dans notre bus dès que possible. Nous avions le même promoteur que les Eagles Of Death Metal et, à l’origine, c’était nous qui devions jouer au Bataclan... Il a inversé les deux, sans trop savoir pourquoi.” Cette expérience pour le moins traumatisa­nte a sans doute incité Dan à prendre du recul : “Oui, le break que j’ai pris a probableme­nt un lien avec ce drame. D’autre part, j’avais été sur la route pendant si longtemps, j’en avais vraiment besoin. C’était la première fois depuis des années que je pouvais me poser à la maison, prendre du bon temps.”

Libre enfin de travailler à sa guise dans son studio de Nashville, le rouquin en profite pour se rappeler au souvenir de ses amis. Parmi eux Dave Ferguson, ancien ingénieur du son de Rick Rubin sur les derniers opus de Johnny Cash : “C’est l’une des premières personnes que j’ai rencontrée­s à Nashville, mais on s’est vraiment liés l’année dernière. A chaque fois qu’on sortait, il me présentait des gens. Si je lui disais que j’avais besoin d’un batteur, il me donnait le numéro de ceux qu’il connaissai­t. Idem pour les bassistes... Il a grandi à Nashville, dans ce milieu. Tous les musiciens qui figurent sur mon album étaient d’ailleurs habitués à travailler avec Cowboy Jack Clement. Mon studio est temporaire­ment devenu leur refuge.” Et c’est ainsi que Dan Auerbach s’est retrouvé à écrire ses chansons avec des icônes country comme John Prine, Roger Cook (“Long Cool Woman In A Black Dress” pour les Hollies) ou Larry Russell Brown (Frankie Valli And The Four Seasons, Richard And The Young Lions), et à les graver avec des pointures locales comme le pianiste Bobby Wood ou le batteur Gene Chrisman, anciens accompagna­teurs d’Elvis Presley. Au sein de ce prestigieu­x aréopage, on trouve aussi le légendaire Duane Eddy, soixante

dix-neuf ans : “Malgré leur âge, ces gars sont enthousias­tes comme des ados, très créatifs et ont toujours une bonne vieille histoire à raconter. Il faut aussi savoir capturer la magie de l’instant, car à chaque fois qu’ils jouent, ils font quelque chose de différent. Par exemple, Gene ne sait pas ce qu’il va faire avant de commencer, il se lance et voilà. En ce qui concerne Duane, j’ai pu examiner son style et il est incroyable­ment personnel. Dès qu’il prend sa guitare, ça sonne comme du Duane Eddy. Il y a une simplicité chez lui qui touche à la perfection. Je ne pourrai jamais en faire autant.”

“Travailler avec Cowboy Jack Clement”

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