Rock & Folk

Led Zeppelin n’invente rien, il perfection­ne

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Pas plus que ne l’est Jeff Beck. Son premier album solo est frère de sang du premier Led Zep. Emprunts, détourneme­nts, classiques... Pas un morceau nouveau digne de ce nom. Mais un disque énorme qui pose bien des bases. Côté mix, côté frime, côté vision. Ce sont les débuts de la course à l’armement. Tout cela reste du hard rock. Tout n’est encore que du hard rock. Sauf... Peut-être... “Helter Skelter”

Les Beatles ne sont pas à ça près.

Après avoir tout révolution­né, stupéfié la planète rock d’alors quand sortaient “I Feel Fine”, “Paperback Writer” ou “Day Tripper”, ils pouvaient bien inventer le heavy metal. Et “Helter Skelter” n’est plus du hard rock. C’est... autre chose pour la première fois. Chacun des morceaux de ce disque blanc se devait d’être un exercice de style, un pas vers un des chemins que pouvait prendre le rock... Paul McCartney voulait créer le son hard rock ultime, extrême, avec “Helter Skelter”, laissant le blues à Lennon et son “Yer Blues”. Pour l’image et l’aura, ce fut réussi. Quoi de plus satanique, dangereux que le morceau préféré de Charles Manson ? Musicaleme­nt ? Paul McCartney applique ce que le titre signifie : montagnes

russes, grand huit. On aura donc des montagnes russes harmonique­s, le morceau dévale, semble se jouer de l’harmonie et de la carrure et — surtout — exploser la règle des trois accords. Mais McCartney, en fait, utilise les deux procédés les plus efficaces de la compositio­n rock. Rien de plus. Descente en demi-tons et gammes pentatoniq­ues. “Helter Skelter” est un blues en miqui descend de mi septième à mi augmenté, joue avec le sol et se conclut sur la cadence plagale (oui...) : le la et non point le si. Comme plus tard “Come Together”. Comme beaucoup de morceaux... metal. Et c’est là, et là seulement, son coup de génie. Oui, tout est là, dans cette constructi­on. En évitant le prévisible si, en concluant sur le la, Paul McCartney invente le heavy metal. Conclure sur le 4ème degré (en la donc) plutôt que sur le 5ème (en si) s’appelle donc une Plus encore, sans doute, que Tony Iommi. Black Sabbath ? dès “War Pigs” et “Iron Man”, le groupe de Birmingham s’affranchit lui aussi le plus possible des règles du blues, s’orientant vers des gammes et des plans exotiques. Dans l’orbite, Stray, Budgie, UFO, Judas Priest et tous les autres. Le son de 1970.

Oui, le metal naît là où meurt le blues. Pour le meilleur et pour le pire.

Et, bien évidemment, tuer le blues et la pop en soi, c’est le plus souvent pour le pire. Blue Cheer, c’est encore du Hard Rock. Iron Butterfly ? Je dirais metal. Il n’y a ainsi quasi rien que je puisse écouter dans “House Of The Holy” ou “Presence” de Led Zeppelin. Je trouve cela d’un ennui abyssal, prétentieu­x, ampoulé, privé de chansons, vieilli avant l’heure. Mais cela est clairement du metal. Alors que sans doute, Grand Funk, Montrose, Humble Pie ne faisaient encore que du hard rock. Avant que Bowie, Dolls, Slade et Roxy ne balancent tout cela dans les poubelles de l’histoire. Et qu’on en revienne au blues et à la pop. Même le punk rock ne devait pas en sortir. Il y eut un moment où le seul heavy metal possible était celui du Blue Öyster Cult. Et puis... c’est revenu. New wave of british heavy metal. Metal certes, les constructi­ons ridicules d’Iron Maiden. Jusqu’à Nirvana. La règle des trois accords est oubliée. Tout accord peut entrer dans la danse. Et puis... soyons obscènes ! Dream Theater, le doom, le hardcore, le rock symphoniqu­e, les guitares à huit cordes, le djent (oui, cela existe) et les chanteurs qui rappent en pantacourt avec une pédale de fuzz et un octaveur dans la gorge. Certes, AC/DC, Motörhead, Van Halen à la rigueur (malgré son guitariste pénible) c’est bien évidemment du hard rock. Quant à Deep Purple, en raison de la présence de l’odieux Steve Morse, quant au Sab’, tout cela est du classic metal, assurément. Metal ? Aujourd’hui, on appelle metal tout ce qui n’est pas du rock mais faitquand même un sacré boucan... Et je pense que cela sera ma conclusion...

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