Rock & Folk

Hystérie rocksteady

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Joe Bonamassa 4 MAI, PALAIS DES CONGRES (PARIS)

Les nouveaux héros de la guitare (apparus depuis Jimi Hendrix) sont souvent des instrument­istes virtuoses mais bavards, comme si jouer des milliers de notes à la minute était un gage de qualité. Conscient du problème, homme aux références inattaquab­les (Peter Green, Paul Kossof...), Joe Bonamassa (né en 1977) trouve un équilibre grâce à une orientatio­n rock’n’soul. A la tête d’un groupe soudé incluant deux cuivres, deux choristes et un superbe organiste (Reese Wynans), il interprète un répertoire mélodique, structuré, rythmé qui fleure bon les années 1950-60. À l’aise au milieu de ce cadre musical au classicism­e réjouissan­t, il envoie des solos acrobates qui soulèvent l’enthousias­me des férus de la six-cordes. JEAN-WILLIAM THOURY

Last Train 9 MAI, BATACLAN (PARIS)

Peu de groupes arrivent à faire déplacer, en plus des fans, la moitié des gens du métier et un bon pourcentag­e de musiciens parisiens. Last Train, si. Tout ce petit monde a assisté à un concert mitigé. Les Mulhousien­s ont certes réussi à installer leur paysage désertique et psyché, en gros un son sous peyotl, mais deux problèmes majeurs ressortent : une setlist qui enchaine trop de morceaux aux breaks interminab­les et un son assez faible. Pourquoi jouer à 7 quand on peut jouer à 10 ? On planche toujours dessus. SACHA ROSENBERG

Jim Jones And The Righteous Mind 10 MAI, PETIT BAIN (PARIS)

The Jim Jones Revue dissoute, la suite arrive : Jim Jones And The Righteous Mind. Que ceux que l’imagerie vilainemen­t néo-gothique des premiers clips disponible­s rebutaient se rassurent : rien de fondamenta­lement changé, même si la machine a parfois d’incompréhe­nsibles ratés (“Till It’s All Gone”). Le blues-rock syncopé (“Boil Your Blood”) a remplacé le rock’n’roll garage, mais il s’agit toujours d’offrir une bande-son à l’émeute. Entre deux titres, Jim Jones commente l’actualité politique : “Sogoodtose­ethebitchi­scryin’!”. Manquaient tout de même les plus déterminés des jeunes fervents du groupe pour sortir le public d’une certaine torpeur. VIANNEY G.

Toots And The Maytals 10 MAI, CIGALE (PARIS)

Six années après son dernier passage, le Jamaïcain signe enfin son retour dans la capitale. L’attente est évidemment immense et l’audience fragile s’oublie dans les effluves de chanvre. Cependant, l’arrivée fringante du patron en tenue aux couleurs rasta contrastan­t avec la sobriété du groupe rassurent immédiatem­ent. Et la voix, toujours aussi brûlante lors des premières mesures de “Monkey Man” fait irrémédiab­lement chavirer la foule dans une hystérie rocksteady joyeuse. Les fans achevés après une heure et demie de danse fiévreuse par le classique ska “54-46 Was My Number” quittent la salle, la tête dans les étoiles après s’être fait mettre à l’amende par un jeune homme de 74 ans. MATTHIEU VATIN

Sleaford Mods 23 MAI, GAITE LYRIQUE (PARIS)

A la Gaîté Lyrique, anciens hauts lieux de l’opérette, Coronados, Wampas et Olivenstei­ns de jadis, soit le bataillon des punks anciens, étaient venus saluer leurs frères de Nottingham. Tout ceci composait une fosse avec une moyenne d’âge de 45 ans, soit quelques années de moins de celles du groupe sur scène. Nous entrons bien dans une ère où lutte et rébellion riment de moins en moins avec jeunesse, annonçant une guerre génération­nelle imminente. Une fois le problème de la pyramide des âges évacué, Jason Williamson a confirmé son statut de chanteur le plus important de la décennie, bien que ce concert manquait de défi : le public était conquis, la réputation du binôme définitive­ment assise. THOMAS E FLORIN

Einstürzen­de Neubauten 28 MAI, VILLETTE SONIQUE LA GRANDE HALLE DE LA VILLETTE (PARIS)

22 heures tapantes, Blixa Bargeld et sa bande de freaks bruitistes entrent sur scène au son de l’hypnotique “The Garden”, écrit en 1996. Durant deux heures, EN souffle le chaud et le froid en alternant compositio­ns chargées d’une indicible mélancolie et fracas métallique surplombé d’imprécatio­ns menaçantes. Blixa gratifie la foule de son fameux cri primal, entre la chouette et la mouette, dédicace une chanson au tour manager du groupe qui vient de

mourir, se moque de Rammstein et conclut le show avec cette punch li ne :“Si vous mourez et que vous rencontrez le Créateur, qu’ il soit homme ou femme, dites-lui que vous avez vu son groupe préféré en concert ”. Amen ,Blixa. OLIVIER CACHIN

Mac DeMarco 29 MAI, MAROQUINER­IE (PARIS)

Les murs de l’étuve de la rue Boyer suintent déjà lorsque Mac DeMarco foule la scène sur “The Godfather” de Nino Rota. Une entrée solennelle qui détonne avec le spectacle musical et comique qui va embraser pendant près de deux heures une audience fanatique. Entre rots, bain de foule, reprises idiotes et cochon pendu aux structures d’éclairage de la salle, le Canadien est surtout capable du meilleur avec ses mélodies sexy et chaloupées (“Salad Days”) ou ses chansons profondes et désabusées comme “My Kind Of Woman”. Car si oui, la génération Y acclame tellement un mec de 27 ans aux dents du bonheur et quelques kilos en trop, c’est parce qu’avec “This Old Dog”, son dernier album, il signe la BO idéale de l’été tout en étant un remède contre la morosité. MATTHIEU VATIN

The Make-Up 31 MAI, VILLETTE SONIQUE AU CABARET SAUVAGE (PARIS)

21 h 30 passées, les quatre membres de The Make-Up prennent la scène d’un Cabaret Sauvage, déjà bien arrosé de sécrétions et d’électricit­é par les Shadow In The Cracks. Line-up originel en costumes lamés or. Ian Svenonius, l’oeil fou, gueule ouverte édentée, agrippe le micro pour une heure et demie d’orgie cathartiqu­e.“Here Comes The Judge” galvanise illico la salle. “Blue Is Beautiful” et “I Am Pentagon” la portent à ébullition. Svenonius, shouter hors-pair, mutant maniaque de Jon Spencer et James Brown, hurle, groove, grimace, exulte, harangue le public, marche sur ses épaules, se roule à terre, renoue avec tous les esprits du rock’n’roll originel mâtiné de soul Farfisa borderline. Vertigineu­sement orgasmique. ALEXANDRE BRETON

The Richmond Sluts 2 JUIN, LA MECANIQUE ONDULATOIR­E (PARIS)

Les Richmond Sluts sont de passage et aucun romantique du garage-punk n’aurait raté ça. A une heure avancée et devant un public qu’on ne voit guère chez Pitchfork, Shea Roberts et ses hommes donnent le meilleur des deux albums du gang, sortis avec quinze ans d’écart. Beaucoup de groupes ont été traumatisé­s par l’axe Rolling Stones/ New York Dolls, peu ont digéré cette influence avec autant de classe et de panache que ces bohémiens californie­ns : deux guitares en feu, un orgue bienvenu, un batteur brillant et un bassiste qui casse sa corde de mi dès le début du concert. Une heure et demie plus tard, le dernier métro est passé, ceux qui sont restés sont en nage et comblés. BASILE FARKAS

Bertrand Burgalat 2 JUIN, LA MAROQUINER­IE (PARIS)

Bertrand Burgalat arrive sur scène à 22 heures accompagné de trois Dragon (basse, guitare et batterie), d’Alice Lewis aux claviers et du groupe Catastroph­e aux choeurs. Il ressemble à un rockeur du film “Les Seigneurs”, il sourit, est heureux d’être là. Les chansons du nouvel album sont bien sûr à l’honneur et prennent une dimension encore plus sauvage et poétique. Chassol fait une apparition savoureuse avant que la grande famille Tricatel ne termine cette soirée délicieuse et envoûtante par une reprise fédératric­e du “Follow Me” d’Amanda Lear. Burgalat remercie ceux qui l’aiment et s’en va, à regret. Soirée parfaite. JEROME REIJASSE

Arcade Fire 5 JUIN, GRAND THEATRE DE FOURVIERE (LYON)

Le cadre est sublime, l’un des plus beaux de France. Le Théâtre Antique de Lyon, sur les hauteurs du domaine de Fourvière, accueille Arcade Fire. “Everything Now”, leur nouvel album, est en approche et cette date fait office de tour de chauffe. D’entrée, le groupe décide de se mettre le public dans la poche et entame avec “Wake Up”. Quatre mille spectateur­s chantent à l’unisson, on se croirait déjà au rappel. Joli départ. Suit le tout neuf “Everything Now”, sorte de rencontre parfaite entre ABBA et Bruce Springstee­n qui a toutes les chances de devenir le tube de l’été pour festivalie­rs en quête de fraîcheur. Puis soudain, au sortir de l’impeccable “Haïti”, l’ennui s’installe et perdure. Durant une large demi-heure, Arcade Fire égrène sans conviction des titres dont on attend poliment qu’ils s’achèvent. La machine se relance par à-coups jusqu’à un très beau final où l’on découvre entre autres “Creature Comfort”, nouveauté enthousias­mante, martiale, puissante. “In The Backseat” termine avec panache un concert qui par ailleurs en manquait pas mal. JOE HUME

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Sleaford Mods
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Jim Jones
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Bertrand Burgalat
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The Make-Up
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The Richmond Sluts

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