Rock & Folk

JACCO GARDNER AMATEUR DE SYD

Le brillant musicien hollandais évoque son héros de jeunesse.

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Dans son studio aux Pays-Bas, Jacco Gardner avait accroché au mur ses peintures d’adolescent : des portraits de Syd Barrett. Aujourd’hui localisé au Portugal, le musicien mène à bien une flopée de projets expériment­aux et joue de la basse avec un groupe psyché zambien culte des seventies (The Witch). Allo Jacco ?

ROCK&FOLK : Que représente Syd Barrett pour vous ? Jacco Gardner :

Quand j’avais 12 ans, j’écoutais du rock alternatif, du grunge ou des choses comme Rage Against The Machine. Découvrir Syd Barrett a représenté une sorte de libération. J’ai découvert quelqu’un de moins cynique, de très libre, qui correspond­ait parfaiteme­nt à ma personnali­té. Un monde de rêve et d’imaginatio­n s’ouvrait à moi.

R&F : Que vous a-t-il appris ? Jacco Gardner :

Grâce à lui, les musiciens ont compris qu’il n’était pas nécessaire d’utiliser toujours les mêmes suites d’accords. Les groupes utilisaien­t les suites d’accord du doo-wop, Syd Barrett a prouvé qu’on pouvait faire autre chose, utiliser des accords inattendus, s’inspirer de la musique classique. Quelque part, il a montré la voie à ce que feraient les Kinks et les Zombies juste après.

R&F : Le côté héros crâmé au LSD vous fascinait aussi ? Jacco Gardner :

Ça faisait partie du mythe. Je voyais en lui un personnage téméraire qui avait expériment­é avec la drogue. C’était une des grandes quêtes de l’époque : voir où se trouve la limite de la réalité. C’est d’abord ce qui m’a fasciné, avant de comprendre aussi pour sa schizophré­nie.

R&F : Votre chanson préférée de Syd Barett ? Jacco Gardner :

Choix difficile, je dirais “Long Gone”, sur “The Madcap Laughs”. Elle a quelque chose d’assez terre-à-terre au départ puis évolue en quelque chose d’absolument fantastiqu­e.

R&F : Pink Floyd sans Syd Barrett, vous aimez ? Jacco Gardner :

Oui, sachant qu’il existe une dizaine de périodes distinctes chez Pink Floyd. J’aime particuliè­rement Pink Floyd juste après son départ, le groupe est triste, mais au bon sens du terme. Il y a une mélancolie magnifique, le groupe a l’air complèteme­nt perdu sans Barrett. Un morceau comme “See Saw” est un monde en soi. Le groupe est encore assez enfantin et joueur. Il le sera beaucoup moins à d’autres périodes. ★ RECUEILLI PAR BASILE FARKAS

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