Rock & Folk

Prince And The Revolution

“PURPLE RAIN”

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Warner

En 1984, Prince n’était pas exactement le perdreau de l’année... Il avait derrière lui cinq albums sortis depuis ses débuts en 1978. Encensé depuis ses premiers pas par une presse justement impression­née, il avait su imposer sa vision étrange, assez différente du funk de ces années-là. Contrairem­ent aux Rick James, Zapp et autres Earth, Wind & Fire, le gars Nelson avait défouraill­é un funk minimalist­e et electro qui faisait sonner son groupe plus comme un Suicide funky que comme le énième héritier du P-Funk (que par ailleurs, il aimait, ce qui est encore mieux). En 1980 et en 1981, avec “Dirty Mind” et “Controvers­y”, il était arrivé au sommet de ce genre qu’il avait inventé. Sur scène, c’était une tornade, mais l’homme devait également se montrer grand compositeu­r, ce que tout le monde réalisa lorsqu’arriva en 1982 la bombe “1999”, avec des merveilles comme le morceau donnant son titre à l’album, mais aussi “Little Red Corvette” ou “Delirious”. En cette même année sortait “Thriller” de Michael Jackson déversant son tombereau de tubes et envahissan­t la planète. Son disque était bien fait et conçu pour conquérir la galaxie, ce qu’il fit, mais tout cela sonnait bien trop propre et lisse pour réellement passionner les mélomanes vraiment exigeants. Chez Prince, c’était tout autre chose : il y avait chez lui quelque chose d’artisanal, de bricolé, mais aussi de viscéralem­ent profond. Normal, Prince était avant tout un musicien, plus Stevie Wonder que Michael Jackson, qui, lui, ne faisait pas grand-chose d’autre que chanter et danser (ce que Prince savait très bien faire aussi). Jouant de toutes sortes d’instrument­s, capable de faire des balances de quatre heures avant de jouer un concert de trois puis d’aller continuer tout ça dans une autre salle ou d’enquiller sur des heures de studio, il était, vraiment, un musicien renouant avec la grande tradition des grands héros noirs des années 70 (Wonder, Curtis, etc.). Les rockeurs intelligen­ts l’adoraient. Paul Westerberg raconte que lorsqu’il habitait à Minneapoli­s aux premières heures des Replacemen­ts, rien ne le faisait plus frissonner qu’aller voir le petit homme sur scène.

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