Rock & Folk

Randy Newman

-

“Dark Matter” NONESUCH/WARNER

Le miracle d’un nouveau Randy Newman, c’est déjà qu’il existe. Il aura fallu neuf ans depuis la sortie de “Harps And Angels”, comme il avait fallu neuf ans pour que “Bad Love” ait une suite. “Dark Matter” reste d’ailleurs fidèle à la formule des deux albums précédents : une vieille compo accrocheus­e, ici son thème musical pour la série télé “Monk” étendu à la durée d’une vraie chanson, quelques méditation­s caustiques sur l’histoire ou l’actualité et quelques titres plus intimistes ou personnels. Ce coup-ci, Randy Newman semble toutefois s’être fait plaisir en privilégia­nt des arrangemen­ts orchestrau­x luxuriants, dans la lignée de son premier album solo, mais nourris de son expérience plus récente pour le cinéma. “The Great Debate”, débat entre scientifiq­ues et religieux, est ainsi une mini-suite de huit minutes, où plusieurs thèmes, politiques comme musicaux, s’affrontent avant de se résoudre dans le gospel. De même, les fanfares militaires et les balalaïkas ponctuent le shuffle sinon très traditionn­el de “Putin” (oui, sur Vladimir). C’est toutefois dans sa veine mélancoliq­ue, mais pas nostalgiqu­e, que “Dark Matter” décolle vraiment. “Sonny Boy” est la complainte de Sonny Boy Williamson, découvrant après sa mort que son peu de célébrité a été usurpé par un homonyme, “Lost Without You” est une confession poignante à la première personne, un genre auquel Newman se frotte désormais avec succès, et il y a “On the Beach”. Sous l’élégance de la mélodie et du propos, on devine en filigrane le récit d’une vie gâchée. Cette conclusion de l’album, avec “Wandering Boy” au piano seul, rappelle pourquoi Newman reste, au bout d’un demi-siècle, un songwriter américain essentiel. FRANCOIS KAHN

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France