Chris Robinson Brotherhood
SILVERARROW On peut toujours faire confiance à Chris Robinson en matière de déclarations fracassantes. Telles celles prononcées au micro d’Howard Stern, en mai, soldant sa relation avec son frère Rich (“je ne l’aime pas”) ou dégommant John Mayer (“la négation de ce tout ce qu’a incarné Jerry Garcia”). On peut lui faire confiance aussi pour, face au retour de bâton que pareilles saillies pourraient susciter, faire front sur le plan créatif. “Barefoot In The Head” est déjà le cinquième album studio du CRB et arrive un an après le dernier, lequel avait été en sus assorti d’un EP de cinq titres (originaux). Aucune baisse de régime, donc, pour l’ancien chanteur des Black Crowes, mais plutôt une vitesse de croisière optimale tant sa fraternité affiche une musicalité féconde, mature. Si l’idée générale consiste toujours à trouver le point médian entre le terroir américain et le cosmos, cet album est celui qui s’apparente le plus à un voyage, pensé par étapes. Des terres familières, tout d’abord — le Dead de 1972 rencontre Bernie Worrell — des herbages psychédéliques naturels ensuite (“Dog Eat Sun”, la coda de “Blue Star Woman”), avant, dans la partie finale, acoustique, de cheminer le long de calmes prairies (“High Is Not The Top”, superbe “Glow”, avec le sarod d’Alam Khan). Les ballades sont souvent somptueuses (“She Shares My Blanket”), les mélodies à tiroir, remarquables (“Behold The Seer”)... Dans une autre interview, Chris Robinson mentionnait son désir récent de rejouer des morceaux des Black Crowes. Manière de signaler l’accomplissement du CRB, la constitution d’un répertoire ex nihilo, sans partir de celui qui fit la popularité de son fondateur. A bon entendeur... BERTRAND BOUARD