Steven Wilson
“To The Bone” CAROLINE
Guitariste (brillant) et chanteur, Steven Wilson se produit régulièrement sur scène, mais est surtout un boulimique, un obsessionnel du travail en studio qui ne s’arrête jamais de produire, mixer, remixer, composer, remasteriser pour lui et pour les autres, ressortant actuellement une bonne partie de la discographie de son groupe, Porcupine Tree, en vinyle. Présenté comme le nouveau roi du rock progressif, son spectre musical s’étend bien au-delà d’un genre dont la définition elle-même est assez floue. A une bonne dose de pop et de psychédélisme et à une grosse pincée de metal, se rajoutent des rythmiques funky et des sonorités électroniques. Cinquième album sous son nom, paru un peu plus de deux ans après “Hand. Cannot. Erase.”, “To The Bone” concentre toutes ces influences en une alchimie si personnelle qu’elle en est immédiatement reconnaissable et identifiable. Comme souvent, les textes collent à l’actualité et décrivent le chaos tout à la fois technologique et religieux qui nous entoure. Aux côtés du bassiste Nick Beggs, spécialiste du Chapman Stick, du batteur Jeremy Stacey, de David Kollar, guitare, et d’Adam Holzman aux claviers, collaborent ponctuellement la chanteuse israélienne Ninet Tayeb, Sophie Hunger, l’harmoniciste Mark Feltham et Andy Partridge. Si “To The Bone” et “Song Of I” évoquent Peter Gabriel, “Refuge” possède le lyrisme mélancolique de Talk Talk deuxième époque et le long “Detonation” la folie orgiaque du génial Todd Rundgren, chacun des onze titres porte la marque d’un Steven Wilson transcendant ses influences pour bâtir un univers suffisamment riche pour que les soixante minutes de l’album ne provoquent aucune lassitude. Une chose rare. PHILIPPE THIEYRE