Rock & Folk

Songhoy Blues

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“Résistance” TRANSGRESS­IVE/FATPOSSUM

Passé toute frontière, Songhoy Blues entre en résistance. Originaire du Nord du Mali, le groupe desert blues a fui cette vaste zone aride après une incursion islamiste pour aller se poser à Bamako. Soutenu dès 2013 par Damon Albarn, Julian Casablanca­s et Nick Zinner de Yeah Yeah Yeahs, le quatuor gonflé à bloc emmené par Aliou Touré chante en bambara, songhaï, français et anglais sur son deuxième album électrique. Songhoy Blues apporte d’abord l’esprit de la fête tout au long de ces douze titres dansants et une vision positive de l’Afrique, trop souvent associée à la guerre et à la famine, en appelant chacun à prendre ses responsabi­lités et son destin en main. “Résistance” s’ouvre sur “Voter” où le groupe précise d’entrée : “On ne vote pas si la situation ne change pas.” Sous l’impulsion de la guitare de Samba Touré et du groove hypnotique d’Oumar Touré et de Nathanael Dembélé, Songhoy Blues constate aussi que la religion est “un faux prétexte”, évoque la vie nocturne à “Bamako” et le “Sahara” en compagnie d’Iggy Pop, qui prévient qu’ “il n’y a pas de pizza, ni de Kentucky Fried Chicken” dans l’immense désert où de nombreux réfugiés, partis de Lybie, Syrie ou du Mali chercher une vie meilleure en Europe, n’ont trouvé que la mort. Enregistré à Londres par Neil Comber (M.I.A., Django Django, Crystal Fighters), “Résistance” fait fructifier l’héritage musical laissé par Ali Farka Touré et Tinariwen, mais trace aussi le lien avec l’afrobeat et le hip-hop sur des titres comme “Mali Nord” avec Elf Kid de The Square. Au-delà de la world music, Songhoy Blues offre surtout la musique la plus vivante d’aujourd’hui. VINCENT HANON

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