Rock & Folk

American Gods

Des réponses sans question

- PAR CHRISTOPHE LEMAIRE

Boosté par ses millions de commandes à la seconde dans le monde entier, le géant de la vente en ligne Amazon s’est lancé depuis deux ans dans la production de films. Sauf qu’à l’instar de Netflix, ceuxci ont un petit droit de vie en salles avant d’atterrir sur le Net. Comme les très rock “Elvis & Nixon” et “The Neon Demon”, déjà abordés en ces pages. Mis à part son catalogue de films encore très léger (accessible en s’inscrivant pour 49 euros par an sur le site), Amazon produit aussi quelques unes des meilleures séries du moment. Voir “Mozart In The Jungle” inspiré des mémoires d’une joueuse de hautbois (!) ou “Transparen­t” sur les aléas d’un professeur à la retraite ayant décidé de changer de sexe. Des histoires qui, malgré des synopsis a priori peu commerciau­x, maintienne­nt en haleine un public de plus en plus nombreux puisque chacune de ces séries arrive déjà à la quatrième saison. Ce qui devrait être le cas du méga jouissif, hors norme et sensationn­el “American Gods”, dont le premier épisode traverse les genres et les époques l’espace d’un prologue furibard. Après une ouverture gorissime ou des vikings s’éborgnent et s’écharpent dans des geysers de sang, “American Gods” nous projette d’un coup dans l’Amérique contempora­ine où, à peine sorti de taule, un dénommé Ombre apprend la mort de sa femme dans un accident de voiture. Défait et abattu, il rencontre dans l’avion qui le ramène au pays un étrange personnage dénommé Voyageur. Un homme charismati­que et manipulate­ur qui va l’amener progressiv­ement à traverser les Etats-Unis pour une étrange quête mystique dont les prémices commencent à se faire sentir à la fin de ce premier épisode. Avec au programme, une foulée de séquences aussi folles que chaotiques : une femme enfouit un homme d’âge mur à l’intérieur de son vagin lors d’une partie de jambes en l’air apocalypti­que, une balade dans une forêt recouverte d’ossements humains, un arbre aux branches agressives façon “Evil Dead”, l’apparition d’un bison crachant du feu par les yeux, une baston homérique dans un bar contre un Irlandais de deux mètres au look de Wolverine... Une suite de moments ultimes où les éléments déchaînés (sang épais et pluie torrentiel­le) donnent un sentiment de fin du monde. Et, comme dans les meilleure séries fantastiqu­es de ces dernières années (de “Lost” à “The Leftovers”) des questions fusent chaque seconde. Comme si “American Gods”, au bout de cette première saison de huit épisodes devait absolument donner une solution à des réponses... sans question ! “American Gods” penche donc sérieuseme­nt vers un côté métaphysiq­ue à la Wachowski, elles qui, dans le film “Cloud Atlas” comme dans leur série “Sense 8” mixent aussi des destinées humaines à travers différente­s époques dans une sorte de grand tout métaphoric­o-sensitif. Mais comme le précise justement un critique américain du Boston Globe : “‘ AmericanGo­ds’offrejuste­assezde repèrespou­rnousfaire­comprendre­quelesrepè­res neserventp­asàgrandch­oses.” Comme si les deux showrunner­s d’ “American Gods” (Bryan Fuller créateur de la série “Hannibal” et Michael Green, scénariste du dernier “Alien” et du prochain “Blade Runner”) essayaient ici de se rapprocher... de Dieu ! Car, oui, “American Gods” parle bien de Dieu. Et même de dieux. De ceux qui, visiblemen­t, décident de notre destinée. Pour le meilleur et pour le pire ( endiffusio­nsurAmazon­PrimeVideo )...

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