Rock & Folk

‘Nuggets’ de la musique électroniq­ue

Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleures galettes microsillo­n du moment.

- PARERIC DELSART

Rééditions ZZ Top “Cinco : The First Five LPs” Warner

Comme son nom l’indique, l’objet présenté ici rassemble les cinq premiers albums de ZZ Top — “ZZ Top’s First Album”, “Rio Grande Mud”, “Tres Hombres”, “Fandango!”, “Tejas” — trop méconnus et réédités avec un soin remarquabl­e (et leur mix original). On l’oublie parfois, mais avant que Billy Gibbons et Dusty Hill ne se lancent dans un étonnant concours de barbes et ne fassent tourner leurs guitares sur MTV, ZZ Top était un groupe de blues-rock à l’efficacité redoutable. Dès 1971, ZZ Top démontre sur son premier album un talent certain pour le boogie (“Squank”) et une authentici­té sudiste à toute épreuve. Le zénith du groupe est atteint avec “Tres Hombres” en 1973, mais tout dans cet excellent coffret mérite considérat­ion.

Booker T. & The MG’s “Green Onions” Stax/ Rhino

Cet été, Stax fête ses 60 ans et pour célébrer cela, Rhino a lancé une grande campagne de réédition de vinyles du label pionnier du R&B et de la soul. Parmi les albums publiés, on trouve “Green Onions”, classique parmi les classiques du groupe de Booker T. Jones et de son Memphis Group. Un album qui, porté par le numéro 1 du morceau-titre, a mis le label sur orbite et établi les MG’s — alors un assemblage de session-men — comme le groupe maison de Stax.

Rufus Thomas “Walking The Dog” Stax/ Rhino

On continue avec Stax et Rufus Thomas, dont le fantastiqu­e “Walking The Dog” a droit lui aussi à un retour bienvenu sur les platines. Quadragéna­ire goguenard, père de la chanteuse Carla et mentor des jeunes artistes du label, Rufus Thomas a fait partie de ceux qui ont défini le son de Memphis grâce à cet album de R&B rutilant. Les tubes canins sont irrésistib­les (“The Dog”, “Walking The Dog”), les reprises inspirées (“Ya Ya” de Lee Dorsey).

Otis Redding & Carla Thomas “King & Queen” Stax/ Rhino

Chez Stax, en 1967, les deux stars du label étaient indiscutab­lement Otis Redding et Carla Thomas, roi et reine de la soul music de Memphis. L’idée de les réunir pour un album de duos était une évidence. Il en résulte cet album léger et dansant, le dernier de Redding publié de son vivant. La campagne de réédition de Stax fait par ailleurs la part belle à chacun de ces artistes, dont plusieurs albums solo sont réédités (notamment “Carla” de 1966 pour elle et “The Great Otis Redding Sings Soul Ballads” de 1965 pour lui).

Iron Maiden “No Prayer For The Dying”, “Fear Of The Dark”, “The X Factor”, “Virtual XI”, “Brave New World”, “Rock In Rio”, “Dance Of Death”, “A Matter Of Life And Death”, “Death On The Road”, “Flight 666”, “The Final Frontier”, “En Vivo!” Warner

Après avoir réédité en vinyle en 2014 la première partie de sa discograph­ie, Iron Maiden remet le couvert cette année avec pas moins de 12 albums qui couvrent la période des années 90 à nos jours. Pas forcément les meilleures années pour le groupe (notamment la période avec Blaze Bailey comme chanteur), mais une remarquabl­e collection de pochettes aux visuels démoniaque­s, magnifique­s en grand format. “No Prayer For The Dying” (1990) et “Fear Of The Dark” (1992) sont disponible­s avec un coffret qui permet de réunir les douze albums de cette campagne de rééditions ainsi que le récent (triple-vinyle !) “The Book Of Souls”. Iron Maiden sait soigner ses fans.

Serge Gainsbourg “Premiers tubes” Ina/ Diggers Factory

Fort d’un fonds comprenant de nombreux enregistre­ments télévisés souvent inédits sur disque, l’Institut National de l’Audiovisue­l ouvre ses archives. L’INA a ainsi lancé, en collaborat­ion avec Diggers Factory, un crowdfundi­ng pour financer des compilatio­ns de raretés de Serge Gainsbourg, Dalida et Ray Charles (d’autres devraient suivre). Le projet Gainsbourg — qui contient entre autres une belle version de “Les Goémons” — a déjà atteint le premier palier des 300 précommand­es et sera donc pressé. Avis aux intéressés, la commande n’est possible que jusqu’au premier septembre...

David Bowie “Hunky Dory” “The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars” Parlophone

Derrière l’excuse de l’anniversai­re des 45 ans de leur publicatio­n, Parlophone réédite deux des albums les plus marquants de la carrière de David Bowie. Ce faisant, la maison de disques tente une expérience intéressan­te : “Hunky Dory” et “Ziggy Stardust”, réédités sur vinyle doré en édition limitée, sont seulement disponible­s chez les disquaires (et non les boutiques en ligne). On doute que cela attirera les foules dans les magasins, mais le fait de voir un gros label faire un geste pour le petit commerce est bienvenu. Le début d’une nouvelle tendance pour les éditions limitées ?

Emmanuel booz “Le Jour Où Les Vaches...” Replica

C’est le disque fou du mois : le deuxième album d’Emmanuel Booz est un délire comme seul le rock progressif français savait en produire dans les années 70. Produit en partie par William Sheller — autre excentriqu­e — le deuxième album de Booz est un manifeste écologique dans lequel un illuminé harangue l’auditeur à force de statistiqu­es angoissant­es (“La radioactiv­ité augmente !”, “Les forêts disparaiss­ent !”) devant une musique zeuhl (“Réveillons-Nous, Réveillez-Vous”). Un disque étrange, souvent trop premier degré pour être pris au sérieux, mais traversé de fulgurance­s magnifique­s à la Gérard Manset.

Nouveautés Space, Energy & Light “Experiment­al Electronic And Acoustic Soundscape­s 1961-88” Soul Jazz

“Et si on faisait un ‘Nuggets’ de la musique électroniq­ue” ? C’est ce qu’ont du se dire les furieux de Soul Jazz au moment de fomenter cette compilatio­n axée sur les paysages électroniq­ues réalisés à partir de synthétise­ur plus ou moins primitifs. On retrouve sur ce triple-vinyle quelques héros du genre (Tim Blake, Richard Pinhas) mais aussi de purs inconnus (tels ce Carl Matthews auto-producteur de cassettes). Pas de Jean-Jacques Perrey ou de Delia Derbyshire ici, juste des bricoleurs qui s’évadaient chez eux, et que Soul Jazz révèle pour notre plus grand plaisir.

Dune Messiah “The Iron Oak” Third Coming

Malgré une théâtralit­é parfois pesante, il faut reconnaîtr­e aux Danois de Dune Messiah qu’ils savent écrire des mélodies qui restent durablemen­t dans le crane (“Alive”). Magnus Westergaar­d, le leader du groupe ne semble pas très gai de nature, mais ses tourments nourrissen­t quelques chansons mémorables (“In My Arms”).

Blot “Tambourine” Ave The Sound!/ Le Pop Club

Compagnon de route de Gaspart Royant, Laurent Blot publie son premier album sous son propre nom (après des aventures sous le blaze de Dann Coltrane). Amateur éhonté de pop et de soul sixties, le musicien fait tout ici de Aà Z et propose un album sophistiqu­é où se croisent mille influences. Comme le montrent “Don’t Let Me Down” ou “Moving On”, ce sont les belles mélodies bien arrangées qui font de cet album un disque attachant et réussi.

Skeptics “Skeptics” Beast/ Juvenile Delinquent

Depuis une demi-douzaine d’années, les Skeptics sont une des meilleures adresses en matière de garage-punk en France. Le trio de La Rochelle, pour son deuxième album (qui suit une multitude de singles et EP), revient avec une attitude encore plus menaçante que jadis et un son de fuzz gonflé aux hormones. Les morceaux suivent (“Waking Walls Of Rome”), donc on adhère.

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