Rock & Folk

Elvis, roi Josh, homme

- Aloha from Clichy. VINCENT TANNIERES

Le 16 août 1977, Elvis Presley ne quittait pas seulement le building, il quittait la vie. A 42 ans. Epuisé et en surpoids. On pense ici à ceux qui durent porter son cercueil. En plein été. Au moment où son image semble quelque peu s’effacer, ne plus dire grand-chose à la génération Y et encore moins à la Z, comment alors expliquer en 2017, ce jeune homme si beau et si sauvage devenu, en finalement peu de temps, une vingtaine d’années, ce bonhomme bouffi aux médicament­s, habillé en catcheur mexicain ? Incarnant les deux décennies traversées. Les inventant ou s’y adaptant mais n’y survivant pas. Comment expliquer ces photos en noir et blanc, sur lesquelles le jeune homme pose en costume ample et mocassins deux-tons devant des Cadillac qu’on imagine rose ? Ce militaire, ce bagnard et ce cow-boy sont-ils la même personne ? Comment expliquer ce retour en cuir et cette fin ? Celui qui, en 1973, fut regardé à la télévision par un milliard de téléspecta­teurs, soit à l’époque, un chinois sur un, celui dont le formidable “A Little Less Conversati­on” illustre aujourd’hui une publicité pour Boursorama Banque, celui qui comme Mickey et Astérix le Gaulois a désormais un parc d’attraction­s à sa gloire... Pourtant, de Elvis Aaron Presley à ce King tout en cape, ceinturons, bagouses et brocards, de 1954 à 1977, il fut tout. Inventant les codes du rock business, jusqu’à sa perte. Déclencheu­r sexuel, symbole de cette émergeante rébellion teenage, chanteur formidable, blanc noir, acteur, artiste planétaire, adulé et honni, incontourn­able puis has been, meneur de revue à Vegas, puis drogué, puis gros et puis mort dans des toilettes comme n’importe quel junkie... il semble avoir inventé cela aussi. Alors que reste-t-il aujourd’hui d’Elvis Presley ? La réponse apparaît comme une évidence quand on regarde la photo de couverture de ce numéro. Cette frappante similitude entre lui et Josh Homme, l’Elvis roux. Ces cheveux, parfaiteme­nt gominés, le cuir, cet idéal vestimenta­ire rock, la posture... ce lien ne s’est jamais rompu, cette attitude n’a pas succombé. Et là se trouve l’héritage, le legs du roi. Au-delà même de sa musique sacrée. PS : Nous avons souri à l’interpréta­tion de “Don’t Look Back In Anger” du guitariste gaucher, et maréchal des logis-chef de la Garde Républicai­ne, lors du match France-Angleterre. Mais que penser de ce “Get Lucky”, interprété et chorégraph­ié (et de quelle manière !) par la fanfare interarmée­s le 14 juillet. Fini le bromure ? Tous sous ecstasy ? Quel point commun entre militaires et rockeurs ? A part le casque, là, on ne voit pas.

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