LCD Soundsystem
DFA/COLUMBIA/SONYMUSIC Peu de mastodontes ont su éviter cette mascarade : tournée d’adieu, séparation, reformation, tournée, nouvel album — et puis nouveaux concerts d’adieu, etc. James Murphy a décidé d’agir comme un dinosaure en se livrant à ce cirque après seulement trois albums (fantastiques). De quoi s’est-il séparé, qu’a-t-il reformé ? LCD Soundsystem, c’est lui. Il a juste pris un congé de quatre ans. Durant lequel il a bossé comme un taré : en tant que producteur (Arcade Fire, Pulp, Gorillaz), créateur d’un expresso (House Of Good), concepteur d’une sono de luxe (Despacio), d’un habillage sonore pour les tourniquets du métro new yorkais, d’un algorithme pour l’US Open, gérant avec sa femme d’un bar à vin bio à Williamsburg. Pigeant finalement que c’est moins fatigant d’enregistrer un album, Murphy sort “American Dream”. Son nouveau statut, ses activités dans le design sonore et la torréfaction pour hipsters a déteint sur sa musique. LCD citait autrefois Faust, Swans, This Heat, PiL, Monks. Sur “American Dream”, on entend encore du Suicide, Krisma, “Station To Station”, mais aussi U2 (celui de “Pop”) et Simple Minds. Il y a toujours d’excellents morceaux (“Others Voices”), des montées imparables (“How Do You Sleep ?”), du trépidant (“Emotional Haircut”), de la mélancolie (“American Dream”), mais le disque tire sur la corde de l’emphase — un lyrisme nostalgique, comme si Murphy regrettait l’époque d’avant la gentrification (de lui et sa musique). Il a secoué les années 00, fini au Madison Square Garden, revient avec un album plus grandiloquent que vraiment grand. LCD Soundsystem pourrait finalement s’imposer comme mastodonte. Bientôt une deuxième tournée d’adieu ?
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BENOIT SABATIER