Rock & Folk

Jake Bugg

- “Hearts That Strain”

VIRGIN/EMI A ses débuts, Jake Bugg est apparu comme un joyeux anachronis­me. Qui aurait pu croire qu’un mec de vingt ans aux aspiration­s folk, blues et skiffle puisse vendre plus de 600 000 exemplaire­s de son premier album à une époque où 1) cette musique est considérée comme de l’archéologi­e et 2) l’industrie du disque est censée être en crise ? Par on ne sait quel miracle, ce jeune anglais à l’esprit northern frondeur et à la gueule d’ange a réussi à plaire aux jeunes sans passer par la télé-réalité tout en séduisant les anciens qui ont senti le souffle de Dylan résonner en lui. Un adoubement universel que Bugg a joyeusemen­t envoyé valser l’an dernier avec son troisième album “On My One” aux aspiration­s hip-hop, soul et pop, aux antipodes de ses débuts. Si ce disque a laissé quelques fans sur le carreau, “Hearts That Strain” devrait rassurer les baby-boomers : c’est un disque à guitares, tendance Nashville et ballades country-rock. Enregistré et écrit en partie avec Dan Auerbach, il fait intervenir quelques légendes du rock telles que Gene Chrisman et Bobby Woods de The Memphis Boys (sessionmen du mythique studio American Sound) et propose un voyage dans l’Amérique des grands espaces comme la fantasment souvent les européens. Jake Bugg chante ainsi une douzaine de ballades plus ou moins enrobées de violonades (“Bigger Lover”), de mandoline (“Southern Rain”) ou de slide plaintive (“This Time”), préférant les guitares ensoleillé­es à l’austérité des Midlands anglais. Doux et dénué d’aspérités, “Hearts That Strain” est un disque agréable mais manquant un peu de mordant, où Bugg se montre plus souvent proche de James Blunt que de Kevin Morby. On est en droit de le déplorer.

✪✪

ERIC DELSART

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France