Tricky

“Ununiform”

FALSEIDOLS/K7RECORDS Désormais installé à Berlin, Tricky revient à ses premières amours avec un album éthéré qu’il décrit lui-même comme proche de “Maxinquaye”, le disque qui le plaça sur la carte du trip hop, ce sous-genre aussi fascinant qu’évanescent. Dès la brève “Obia Intro”, on plonge dans des nuages synthétiques surplombés par la voix lointaine de Tricky, avant de découvrir le paysage électronique de “Same As It Ever Was” et la voix du premier guest, Scriptonite, un Kazakh qui apporte une touche d’originalité masculine à cet artiste qui aime avant tout les voix de femme. On entendra Scriptonite sur deux autres chansons, “It’s Your Day” et “Blood Of My Blood”. Que les amateurs d’organes féminins se rassurent, on ne tarde pas à retrouver les usualdivas de Tricky Kid : Francesca Belmonte sur “New Stole”, Asia Argento sur “Wait For Signal”, Mina Rose sur “Dark Days” et “Running Wild” ainsi que sa muse Martina Topley-Bird sur l’ultime composition, “When We Die”, aussi sinistre que troublante avec ses rimes mortifères (“Don’tdieyoung, notlikeMichael”) et ses beats en suspension. Avec Tricky, pas besoin de chercher le single car ce projet enregistré à Moscou n’est pas destiné au grand public mais plutôt à sa fan base, qui y retrouvera des échos de “Hell Is Round The Corner” et des vapeurs bristoliennes qui les ramèneront au début des années 1990, quand le futur ex-Massive Attack inventait son style cotonneux et élastique. “The Only Way”, l’unique titre sans featuring, est le plus envoûtant, avec ses cordes d’une indicible nostalgie et la voix brisée du gobelin des limbes, troubadour d’un amour torturé et désespérément romantique.

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OLIVIER CACHIN