Rock & Folk

MARILYNMAN­SON

Bien qu’il n’effraie plus vraiment le bourgeois, Brian Warner confirme sa bonne forme artistique avec son dixième album. Rencontre allemande avec l’ex-Antichrist Superstar.

- RECUEILLI PAR JOSEPH ACHOURY KLEJMAN

Berlin, par une grise fin d’après-midi d’août, dans les soussols d’un hôtel de luxe un peu hipster comme la capitale germanique en a le secret. On a rendez-vous avec celui qui fut pendant un temps le chanteur le plus sulfureux d’Amérique, aujourd’hui plutôt bien accepté par le cirque médiatique. On le retrouve allongé sur un canapé profond. La pièce est sombre et la climatisat­ion réglée sur 10°C, ce qui n’a pas l’air de le gêner outre-mesure. Très élégant dans son costume à carreaux, et d’une politesse toute prévenante, il est loin de l’image de croquemita­ine qu’ont pu en donner les médias. Très bavard, le fil de sa pensée n’est parfois pas simple à suivre

Sens dessus dessous

R&F : “Heaven Upside Down” devait sortir en février, pour la SaintValen­tin. Il sortira finalement en octobre.

Marilyn Manson : Il y a plusieurs raisons à cela. Tyler Bates, qui travaille à nouveau avec moi, avait des musiques de film à composer. Et mon père est tombé malade. Nous avons donc pensé que ce n’était pas le moment opportun. Surtout, si nous avions sorti le disque en février, il n’y aurait pas les trois chansons qui le définissen­t le mieux selon moi, “Revelation”, “Saturnalia” et “Heaven Upside Down”. L’album devait s’appeler “Say 10” (qui se prononce comme satan en anglais), c’était intelligen­t, marrant, mais je ne pense pas que ça aurait vraiment défini l’album, qui est plus axé sur le paradis mis sens dessus dessous. R&F : Ce paradis sens dessus dessous pourrait être les USA. Mais alors que tout le monde pousse des cris d’orfraies depuis l’élection de Donald Trump, ce dernier pourrait enfin donner aux artistes l’occasion de se rebeller pour de vrai, non ? Marilyn Manson : C’est exactement ce que je disais à propos de Georges W Bush quand il a été élu, et les gens ont interprété ça comme un soutien, alors que je ne parlais que de créativité ! Aux Etats-Unis, historique­ment on a élu n’importe qui. On a eu Ronald Reagan, qui est un acteur, Arnold Schwarzene­gger, gouverneur de Californie... Et Benjamin Franklin, qui n’a jamais été président mais que l’on a mis sur le billet de 100 dollars !

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