La Route Du Rock
18 AU 20 AOUT, FORT SAINT-PERE (SAINT-PERE)
Avec 25 000 entrées et potentiellement la meilleure programmation de l’été, la vingt-septième édition du festival breton a ostensiblement redressé la barre après celle de 2016 peu fréquentée.
Sous un soleil éblouissant, la pop baroque des californiens de Foxygen en tournée des plages s’avère idéale pour entamer les festivités avant le grand retour d’une habituée des lieux : PJ Harvey. Toujours aussi exigeante et sérieuse avec son art, la diva du Dorset offre une rigoureuse et magistrale prestation, accompagnée de ses neuf musiciens. Grand-messe pour les amateurs, prétentieuse pour les autres qui préfèrent se rendre au bar en attendant les mélodies juvéniles de
Car Seat Headrest et surtout les incantations furibardes de la nouvelle sensation punk de Bristol, Idles. Le chanteur Joe Talbot intronise Thee Oh Sees “comme le meilleur groupe du monde”. Peut-être exagéré mais sans aucun doute celui de la soirée. John Dwyer et sa bande toujours aussi impressionnante livrent un concert dynamique aux saillies garage jubilatoires. Le lendemain, les Texans de
Parquet Courts au look d’étudiants geek emballent timidement l’assistance, avant les appliqués disciples psyché de Temples. Le groupe de Kettering, pas toujours excitant sur scène se révèle cette fois un exemplaire groupe de festival pour introduire les patrons écossais du shoegaze, The Jesus And Mary Chain. De retour cette année avec le très fréquentable “Damage And Joy”, les frères Reid sont en grande forme et esquissent même par moment un sourire. Sur la scène des Remparts, les Black Lips habitués pourtant aux balances rapides sont victimes d’étonnants problèmes de son qui, ajoutés à leur garage bordélique, rendent le concert pratiquement inaudible. Dimanche, toujours grand beau temps pour accompagner les délicates harmonies vocales sur mélodies resplendissantes des Proper Ornaments avant que le trublion canadien Mac DeMarco n’ambiance la foule par ses pitreries habituelles et sa reprise du “A Thousand Miles” de Vanessa Carlton. Quinze ans après avoir présenté “Turn On The Bright Lights” au même endroit, les New-Yorkais d’Interpol rejouent solennellement ce premier album en intégralité. Le concert confirme qu’ils n’ont rien écrit de mieux depuis. Lias Saudi exfiltré des Fat White Family est à l’oeuvre un peu plus tard avec les Moonlandingz et prouve qu’il est le dernier aboyeur anglais sur funk et rythmiques robotiques. Juste avant le bouquet final musclé : Ty Segall et son Freedom Band qui semble ne plus avoir de limites tant les titres garage se transforment en de gigantesques bourrasques et jam frénétiques. Sa version étendue de “Sleeper” sous influence Allman Brothers clôture ces trois jours idylliques.