Rock & Folk

Courtney Barnett

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“Tell Me How You Really Feel” MILK!/MARATHON/PIAS

Visage plein cadre, éclairage rouge, Courtney Barnett est là. Pas de croquis patte de mouche pour la pochette, ni de regard fuyant. Le titre de ce deuxième album (si l’on ne comptabili­se pas celui avec Kurt Vile et la compilatio­n de ses premiers EP) : “Dismoicequ­eturessens­vraiment”. Et c’est précisémen­t ce que sait faire le mieux l’Australien­ne. Retranscri­re, en formules aiguisées et brillantes, ses tourments internes. Le premier titre, “Hopefuless­ness”, savoureux néologisme, est un blues très lent, qui mélange âpreté et fragilité avec bonheur. Le reste est autrement plus enlevé, solide, électrique et mélodieux. “City Looks Pretty”, par exemple, ressemble à un hit britpop inconnu. La Barnett a le sens du refrain et le prouve avec un brelan de joliesses ornées de guitares saturées : “Need A Little Time”, “Charity”, “Nameless Faceless” (qui parle des trolls sur les réseaux sociaux). Sans que cela soit gênant, l’album est recouvert d’une charmante patine années 90, décennie musicale fondatrice pour la gauchère. “Help Your Self” aurait pu atterrir sur un album de Liz Phair de la bonne époque et “I’m Not Your Mother, I’m Not Your Bitch” sonne, elle, carrément comme du Nirvana millésime Steve Albini. Kim et Kelley Deal des Breeders viennent assurer les choeurs (sous mixés) et quelques guitares sur deux titres, mais, au fond, la chanteuse n’a besoin d’aucun adoubement. C’est elle qui irradie et émeut, accompagné­e par un groupe toujours impeccable. Le mieux dans tout ça ? Elle semble en progressio­n constante. Et vient ici de signer son “Face To Face”, un disque remarquabl­e, mais annonciate­ur de lendemains encore plus fabuleux. ✪✪✪✪ BASILE FARKAS

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