Michael Rault

“It’s A New Day Tonight” DAPTONE/WICK/DIFFER-ANT

Papa,c’estquoilerockaméricain? La mise en place, fils. Cette manière de faire rentrer la basse dans le pied et les retours de médiator sur la caisse claire, cette petite rythmique qui fait clicclac, pour que tout s’emboîte bien, avec les voix qui flottent au-dessus de tout cela, et a qui on donne un peu de relief en changeant le son des guitares... Voilà : Michael Rault, c’est du rock américain. “I’ll Be There”, premier single de l’affaire et morceau d’ouverture de l’album, rentre dans le cortex. Sans en avoir l’air. Même ce solo de guitare — et que je te taquine la grosse corde, et la tape à coups de hammer, et que je t’envole tout cela coup de doubles-croches dans les aigus — n’a pas un cheveu qui dépasse. L’affaire tourne en boucle sur la platine, il en devient même difficile de passer à la chanson suivante. Un tube. Un tube de rock, américain, en 2018. Qui y comprendrait encore quelque chose à cette époque ? Car oui : ce n’est pas le tube accidentel, générationnel, iconoclaste... Non. Celui-ci est construit de toute pièce, de l’artisanat de haut-vol façonné par les petits génies de Daptone qui livrent ici un chef-d’oeuvre, mais façon Compagnons de la Gibson. Le reste du disque ? A côté de ce single, l’on serait tenté de qualifier d’anecdotique la personnalité de ce moustachu dont il s’agit tout de même du cinquième album. Et pourtant, sa musique glisse dans l’oreille comme un Steve Miller du mitan des années 70, sans les expérimentations psyché... Oui, Michael Rault est un gars cool comme ça. ✪✪✪ THOMAS E. FLORIN