Levi Parham
“It’s All Good” CONTINENTAL
Cela commence comme le Little Feat de 1973 : deux guitares qui convolent dans un thème enjoué, l’une en slide, puis une voix à la charpente très soul qui déclame les tribulations de “Badass Bob”, dur à cuire dont il vaut mieux éviter de se mettre en travers de la route. Derrière, on rôde des deux côtés de la “Borderline” et la tension monte, insidieusement, jusqu’à ce qu’une guitare décroche, à 2 minutes 35, très lyrique, autour de deux autres enlacées dans un thème en paliers — Dickey Betts et les Allman Brothers n’auraient pas procédé autrement. De ce Levi Parham, on ne sait pas grand-chose. Un auteur-compositeur de 34 ans, originaire d’un bled de l’Oklahoma (McAlester), qui signe son troisième album sur un petit label hollandais et a été comparé, en ses terres à Ray LaMontagne. Pas idiot. “It’s All Good” a été enfanté à Muscle Shoals, place forte de la soul sudiste et Parham s’est entouré pour ce faire de comparses héritiers du Tulsasound, d’où cette approche décontractée, funky, face aux musiques traditionnelles américaines. Cette petite troupe a trouvé le point d’équilibre, si rare, entre musicalité luxuriante (l’expressivité de la guitare slide y est pour beaucoup) et chansons impeccablement charpentées, qui s’apprivoisent au bout de quelques écoutes, se sifflotent. Petit boogie à la Lynyrd Skynyrd grande époque (“Boxmeer Blues”), un “Shade Me” qui évoque les belles heures des Black Crowes (ou de Derek And The Dominos), un “Heavyweight” taillé pour être un hit, “Kiss Me In The Morning” très Van Morrison, de longues évasions de guitare sur “My Finest Hour”. A chaque morceau son lot de ravissements. “It’s All Good”, affirme le titre. Il ne ment pas.
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BERTRAND BOUARD