ROCK ’ N’ROLL FLASH BACK
JUIN 1988 R&F 253
Les pensées de Sting, extraites d’une bio de Jean-Marie Leduc : “Le rock’n’roll est mort, mais je m’amuse bien à danser sur sa tombe”, “La pop music doit être réfléchie, parfois sérieuse, éventuellement politique”, mais le jazz c’est mieux. Egalement au sommaire, un texte sur les Clash. Le pigiste veut l’article défini au pluriel. Dire “les”, cela fait plus français, “c’était gaullien, c’était sortir de l’Otan”. Cocktail gluant de rock et de révolution, oui, mais “les seuls Rolling Stones possibles” alors. Au Stadium, au Palace et à Mogador, “soit vous y étiez, soit je perds mon temps, car il ne reste rien de quelque chose qui, à l’époque déjà, était quasi incommunicable.” Ray Davies devait participer au clip des Stranglers pour “All Day And All Of The Night”, mais il a préféré faire un infarctus. Hugh Cornwell : “J’espère que ce n’était pas consécutif à l’écoute de notre version.”
JUIN 1968 R&F 019
Le seul écho de Mai 68 passe dans cet avertissement liminaire : “Les événements de ces dernières semaines nous ont contraints à une parution tardive. Notre présent numéro restera donc en vente jusqu’à la fin juillet.” Se radicalisent aussi les campus américains, qu’une protestsong ne suffit plus à calmer, et surtout les ghettos noirs depuis le meurtre de Martin Luther King. Une brève en témoigne : “Le cabaret de blues que dirige Howlin’Wolf à Chicago a été incendié lors des dernières émeutes raciales.” Aretha Franklin était aux obsèques du pasteur King : “Nous avons cherché à rester dans l’anonymat, nous n’étions pas venus pour une réunion mondaine.” Nicole Croisille a un polype dans la gorge qui l’oblige à chercher ses “distances” et à trouver son swing. “Golf DrouotStory”, épisode 6, imprimé sur un portrait d’Elvis rouge grenat. Illisible.
JUIN 1998 R&F 370
La rédac teste une police au corps 5 pour le cahier central “MotownStory”, qu’il faut déchiffrer au compte-fil. Wendy O Williams s’est supprimée dans une forêt du Connecticut. Linda McCartney “s’en est allée d’un coup sec.” Tricky critique le showbiz et les médias, mais ils en sont tous là. Les Smashing Pumpkins ont remplacé les guitares par des boîtes à rythmes. Billy Corgan : “Tout Pumpkins qu’on soit, on ne vaut que ce que vendra cet album.” Dick Rivers a laissé tomber la scène pendant 19 ans : “Ce sont les médias qui me l’ont fait payer, pas le public”. Lou Reed pensait déjà ça 20 ans plus tôt, pour expliquer l’indifférence des radios : “Je ne suis qu’un pédé juif new-yorkais.” Et depuis que Marilyn Manson a sorti un livre de souvenirs, “un ex-guitariste des Red Hot Chili Peppers n’arrête pas de donner des interviews pour tenter de se disculper.”
JUIN 1978 R&F 137
Aucun belligérant ne prendrait jamais, décidément, la tranchée de l’adversaire : Starshooter suivi de Genesis, un papier long comme une cuite au Vittel, puis une interview de Steve Hackett, ex-Genesis. Il y avait un journal dans le journal, “Rock Soir”, qui se lisait verticalement et descendait ses dix pages, d’Elvis Costello à Ian Anderson, paré de strips de Margerin (Fredo, brouillon de Lucien) et Denis Sire. On trouvait plus loin l’une des premières histoires tristes de Loustal et Paringaux (“Marcello”). Un lecteur parlait des Rencontres d’Alfredo 78, symposium des radios libres (qui devaient bien être encore pirates en 1978), Radio Bastille, Radio 100, Radio Onz’ Débrouille. Du côté des critiques, juin fut le mois de “Some Girls”, “Return To Magenta”, “OK Carole”, “Kill City”, “Eternally Yours”, même pas besoin de décliner les auteurs.
JUIN 2008 R&F 490
Rock&Folk aggrave encore son cas : les BB Brunes à la Cigale, histoire d’assurer le courrier du mois prochain, et juste après, zou, les Parisians. Les lecteurs hurlent à la mort pour une chronique sur Britney Spears, “I do the fuck I want” (sic) leur répond l’édito et, plus loin, zou, la chronique de “Hard Candy”, dernier LP de Madonna. Dans la chanson “Top Yourself”, les Raconteurs voulaient célébrer l’altruisme, ils découvrent qu’en argot anglais ça donne : “Comment vas-tu réussir à te suicider s’il n’y a personne pour t’aider ?”. A l’évidence sur les photos, Patrick Carney, le batteur des Blacks Keys, est né sans cou, mais avec la moue perpétuellement stupéfaite de ceux qui ont été foudroyés dans leur berceau. Steve Winwood mène une carrière bien remplie et, chez lui, il élève sa femme, fait pousser des animaux et roucoule avec des légumes bio.