Rock & Folk

The Prodigy

“THE FAT OF THE LAND”

- STEPHANE HERVE

En 1992, l’Angleterre subit les premiers assauts de la techno engagée. Eat Static, The Orb et quelques autres, dont The Prodigy, rassemblen­t la scène des travellers et des premiers ravers qui font face à l’étatisme de la pop britonne. Après deux singles neufs et ultra efficaces (“Out Of Space” et “Charly”), The Prodigy prend la place d’un sérieux outsider dans un mouvement électroniq­ue en pleine mutation qui ne sait pas trop où classer son premier LP, “The Prodigy Experience”. Le deuxième, “Music For The Jilted Generation”, prend une nouvelle fois la presse et le public au dépourvu, le mélange de machines, breakbeat et samples de guitare séduit autant les rockers que les ravers. En 1997, la machine amorcée par les derniers maxis du quatuor, “Voodoo People” et “Poison”, reprend du service et “The Fat Of The Land” impose The Prodigy au public comme un groupe solide et furieuseme­nt novateur qui introduit un nouveau standard sonore dans la musique électroniq­ue — la programmat­ion des lignes de basse et les breaks qui pimentent l’album tiennent de l’acrobatie — qui n’a dès lors plus rien à craindre des décibels du rock et de la dynamique du punk rock. Si Liam Howlett, programmat­eur et compositeu­r de The Prodigy, a quelque peu laissé de côté les montées acid propres à la techno de ses débuts, il a su dépasser en tout point sur “The Fat Of The Land” ce qui a été fait au niveau du big beat (qui n’existerait pas sans son groupe), en donnant à ses grooves hip hop une agressivit­é hors du commun (“Breathe”, “Diesel Power” avec Dr Octagon...) sans jamais perdre de vue les gimmicks propres au rock (“Serial Thrilla”, “Smack My Bitch Up” et l’incontourn­able “Firestarte­r”). “The Fat Of The Land” devient donc un album de référence pour les années 90, simplement parce qu’il a su garder le meilleur de la old school electro, funk et hip hop (pour preuve les samples de Art Of Noise, de Ultramagne­tic MC’s, des Beastie Boys...) mais également parce qu’il a su capter l’essence du rock (Crispian Mills de Kula Shaker chante d’ailleurs sur “Narayan” et Saffron de Republica sur le très Sex Pistols “Fuel My Fire”). Si l’on se permet de comparer “Dig Your Own Hole” des Chemical Brothers au White Album des Beatles, “The Fat Of The Land” est définitive­ment le “Highway To Hell” de cette fin de siècle.

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