Rock & Folk

Sébastien Tellier

“SEXUALITY”

- BENOIT SABATIER

Il ne ment pas sur l’emballage : si le troisième album de Sébastien Tellier s’appelle “Sexuality”, si on le voit sur la pochette explorer, à cheval, le corps plantureux et nu d’une beauté, c’est parce que ce disque est consacré à la baise, la bête à deux dos. La chanson “Kilometer” ? “C’est l’endurance : montrer à sa meuf qu’elle prendra ce qu’elle aura à prendre, jusqu’au bout. C’est : ‘je suis rentré, et tu

prends bien, hein.’ J’ai voulu trouver la saveur de notes excitantes, avec des types d’accords érotiques, ceux qui te rentrent dedans par le bassin.” Et comment

allumer le bassin ? “Avec un beat electro : c’est lui qui convient au cul. Le string, c’est electro.” “Sexuality” n’est pourtant pas un disque bout de ficelle (entre les fesses), mais il marque en effet le virage electro de Sébastien Tellier. Son premier album, “L’Incroyable Vérité” (2001), parlait de malheur, douleur, vie de chien : le Parisien de 26 ans se situait à des kilomètres de la bouyave préconisée par la french touch de l’époque. En décalage, son deuxième album “Politics” l’était aussi en 2004, mais “La Ritournell­e” possédant une dimension de classique instantané, Tellier se retrouvait propulsé artiste le plus incroyable (c’est la vérité) de sa génération. Quelle suite allait-il inventer ? Un album qui coïte et nique tout. “‘Sexuality’ vient de ma rencontre avec ma meuf. Les orgasmes tout au long de l’album, ce sont

les siens.” Participen­t aussi Eric Chedeville (producteur de musique pour Dorcel) et surtout Guy-Manuel de Homem-Christo, moitié de Daft Punk. Le résultat ? Une copulation entre le Gainsbourg de “Sea, Sex And Sun” et le Gainsbarre de “Love On The Beat”. De l’ardeur (“Sexual Sportswear”), de la beauté (“L’Amour Et La Violence”), de l’italien (“Manty”), du coquin (“Fingers Of Steel”) : tout concourt pour que “Sexuality” soit du niveau de “Boys And Girls” (Bryan Ferry) ou “Lovesexy” (Prince), sauf que non — Tellier se situe largement au-dessus. La France ne s’y est pas trompée, sélectionn­ant le barbu pour la représente­r à l’Eurovision. La défaite fut incompréhe­nsible, mais le show époustoufl­ant. “Je ne suis peut-être pas un dieu du cul, mais je fais une vraie musique de latin lover. Le sexy ne se démode jamais.” Surtout avec des chansons très bien montées, celles qui pilonnent “Sexuality”.

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