Rock & Folk

The Black Angels

“PHOSPHENE DREAM”

- BASILE FARKAS

Au sein du vivace mouvement psychédéli­que ayant agité les Etats-Unis ces derniers temps, les Black Angels d’Austin sont un peu les fourmis de la bande. Ces Texans ont bossé, tourné, enregistré, monté label et studio. Pendant que les cigales prenaient de la cocaïne et picolaient. Jusqu’à “Phosphene Dream”, la musique des Black Angels manquait un peu de grâce, de hauteur. “Passover” (2006) et “Directions To See A Ghost” (2008) possédaien­t les meilleures intentions du monde mais des compositio­ns peu fulgurante­s, du genre à faire passer Black Rebel Motorcycle Club pour les Kinks. Dommage car tout le reste était présent : les pochettes à la Vasarely, la saturation parfaite, l’orgue primitif, la batterie martelée sur le tom... Ici, Alex Maas et ses amis affichent de nets progrès. Abonné aux jam sessions caverneuse­s, le quintette commence avec ce troisième album à apercevoir la lumière. Enfin. Dès le premier titre, ils invoquent rien moins que les “bad vibrations”. Et l’auditeur de pénétrer dans un vortex sonore impression­nant, constitué de Moog, de guitares tremolo réverbérée­s, de batteries obsédantes (comme les Warlocks de la grande époque, les cinq n’hésitent pas à superposer les pistes de batterie). Au microphone, Alex Maas trouve une place de prêcheur inquiétant au milieu de ce chaos organisé. La production de Dave Sardy, à la fois vintage et très léchée, soumet le système d’écoute à une déflagrati­on vrombissan­te. Le décollage a lieu avec “Haunting At 1300 McKinley” et son riff sixties, irisé de fuzz au germanium et de tambourin. Les Black Angels sont désormais capables d’audace, de concision et même, oui, d’un indéniable talent mélodique (redevable en grande partie aux changement­s d’accords en demi-tons, façon “White Rabbit”). “Yellow Elevator” tient lieu de prouesse : section rythmique sur pneumatiqu­e, refrain en escalier et orgue en spirale. De quoi enchanter ceux qui préfèrent le garage servi avec nappage psychédéli­que. A la lourdeur blues et plombée par un escadron de six-cordes, les Black Angels ont privilégié ici le foisonneme­nt créatif. Il y a sur “Sunday Afternoon” de la cruche électrique, fameux jouet local prisé naguère par les héroïques 13th Floor Elevators. Après ce coup d’éclat, les Black Angels persistero­nt dans cette voie, sans toutefois jamais faire mieux.

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