Rock & Folk

Mikal Cronin

“MIKAL CRONIN”

- THOMAS E. FLORIN

“De nous tous, le meilleur compositeu­r,c’ est Mikal .” En 2011, alors que Ty Segall préparait son “Twins” dont la chanson “Thank God For The Sinners” allait le faire exploser à la face du monde, la coqueluche californie­nne vantait à qui voulait l’entendre les talents d’écriture de son bassiste, le trop discret Mikal Cronin. Soyons clairs : au moment où ce dernier sort son premier album, il est, au sein de la nouvelle scène de San Francisco, le seul, avec Kelley Stoltz, à écrire des chansons de cette envergure. Membres des Moonhearts, groupe de Charles Moothart — guitariste et désormais batteur de Ty Segall — Mikal joue pour et avec tous : sideman sur les albums des Oh Sees, cosignatai­re du sympathiqu­e “Reverse Shark Attack” avec le blondinet, puis d’un premier single sous son nom, l’excellent “Gone”. Si bon que Bill et Lisa Roe, fondateurs du label Trouble In Mind, le font tourner en boucle. C’est donc très logiquemen­t qu’un soir, alors que les Moon hearts dorment chez le couple à Chicago, ces derniers lui assurent que s’il venait à écrire un album complet, ils le sortiraien­t. Cherchant une manière d’entrer dans sa vie d’adulte, le jeune homme de 25 ans se met au travail et leur fait parvenir des démos au comptegout­tes. “The rest is history”, comme dit Bill. Oui, le disque de Cronin, par la finesse de ses chansons et le naturel de sa production, se promet un statut d’album culte, du type lesgrands oubliés de

l’époque. Parce que l’évidence frappe dès l’entrée de ces choeurs Beach Boys à l’ouverture du disque, cet “Is It Alright” entièremen­t construit autour de son faux refrain, se terminant par un improbable solo de pipeau joué par John Dwyer. Plus de mélodies se terrent ici que dans l’ensemble de la production millésime 2011. Mikal, bien qu’accompagné par les copains (Segall à la batterie, Moothart pour un solo, etc.), décide d’enregistre­r la majorité des instrument­s seul. Ainsi, même quand il répond aux canons garage de sa génération — “Apathy” — le tout prend de l’altitude, s’élevant vers la pop. Salvateur dans ce début de décennie faisant pleuvoir les fuzz, Cronin s’accompagne de guitares folk, d’harmoniums — le sublime “Slow Down” — harmonise ses propres voix, et clôture son disque par “The Way Things Go” au statut de classique. Est-ce un hasard si, après la sortie de cet album, les musiciens de la baie de San Francisco se sont mis à écrire deux étages au-dessus ? The rest is History.

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