Iggy Pop LOMA VISTA RECORDINGS
“POST POP DEPRESSION”
Celui qui a survécu à tous les excès et aux disparitions de Ron et Scott Asheton et David Bowie continue de se revisiter de fond en comble. Jimmy achève cette fois le travail développé sur ses deux premiers albums en solo avec son ami Thin White Duke à Berlin en 1977. Pour remplacer ce dernier, l’Iguane a fait appel à Josh Homme, le plus apte à faire le boulot avec sa guitare angulaire. Absent du Bataclan le 13 novembre, le géant roux des Queens Of The Stone Age et Eagles Of Death Metal affirme aujourd’hui que produire “Post Pop Depression” l’a sauvé. Enregistré en secret à Palm Desert en Californie, au Rancho de la Luna, le dix-septième album d’Iggy Pop a de la sève. Ouvertement hantée, la chanson “Break Into Your Heart” plante une atmosphère profonde. La mélodie sinueuse et hypnotique de “Gardenia” poursuit la thématique mythologique marrante, avant de céder la place à la joie désenchantée de “American Valhalla”, qui constitue l’un des sommets du disque. Dean Fertita de The Dead Weather laisse glisser ses accords croustillants sur sa guitare et ses claviers, et Matt Helders d’Arctic Monkeys cogne à la batterie, avec l’appui de Troy Van Leeuwen des QOTSA à la guitare et Matt Sweeney de Chavez à la basse. Accompagné de ce gang en cuir, le vocaliste buriné s’interroge, se remet en cause sans peur et en se foutant des reproches. Pas d’attaque frontale idiote, ni de cavalcade qui cartonne tout sur son passage façon “Lust For Life”, mais d’autres classiques du temps présent surgissent comme “Chocolate Drops”, où Iggy croone entre transcendantalisme et réalisme. Avec ses paroles impitoyables, “In The Lobby” sonne bizarrement à la manière d’un classique sexy des White Stripes, tandis que “Vulture” monte dans la tête après une gorgée de mescal sous la lune. Partant doucement vers un ailleurs meilleur au piano, “Paraguay” le voit se lâcher grave sur un rythme martial à la fin avec hurlements sardoniques aux chiasseux planqués derrière leur ordinateur portable. Iggy Pop a bien mérité son succès, non ?