Rock & Folk

Michael Jackson

- OLIVIER CACHIN

“THRILLER” EPIC

Tout ayant été dit sur le personnage, contentons-nous de la musique. Au-delà des chiffres de ventes et des distinctio­ns multiples, c’est ce qui reste le plus passionnan­t : neuf chansons, chacune définissan­t une facette du son universel. “Wanna Be Startin’ Somethin’ ” et son pillage/ hommage appuyé au “Soul Makossa” de Manu Dibango fait le pont avec les rythmes africains, les habillant d’une frénésie amplifiée par la basse de Louis Johnson (des Brothers Johnson) et les synthés percussifs de Greg Phillingan­es et Michael Boddicker. “Baby Be Mine”, un des trois titres composés par Rod Temperton (avec “Thriller” et “The Lady In My Life”), est une caresse soul et un appel à l’abandon (“Pas besoin de rêves quand tu es à mes

côtés”), suivi du premier titre révélé de l’album, le duo avec Paul McCartney “The Girl Is Mine”, choc pop de deux artistes entre admiration et jalousie qui s’entendent le temps d’un tube aussi symbolique que “Ebony & Ivory”, mais à teneur réduite en guimauve. Fin de face A avec la chanson-titre, dont on ne saurait sous-estimer la valeur ajoutée de la guitare de David Williams et des cuivres de Cary Grant & Jerry Hey. Le rap de l’acteur génial Vincent Price ajoute la touche late night double feature que la vidéo révolution­naire amplifiera encore plus. Face B : la couleur rock apparaît sur la palette du King of Pop via la six-cordes d’Eddie Van Halen, dont c’est le meilleur solo depuis... “Eruption” (au hasard). Eloge de la fuite face au danger : être un homme, un vrai, c’est esquiver la bagarre. On ouvre grand la porte de l’Histoire des hits avec “Billie Jean”, récit d’un procès en paternité dont la mélodie a fait mille fois le tour du monde. Tout est parfait dans ce killer tune, jusqu’à la légende entourant son mixage, refait 90 fois pour finalement choisir le deuxième mix, finalisé par Bruce Swedien. “Human Nature” ? Le slow parfait, ciselé par Steve Toto Porcaro, qui y tient également les synthés avec le reste de son gang. “PYT (Pretty Young Thing)” assure la transition R&B avec le passé Jacksons et “The Lady In My Life” boucle le contingent de tempos lents en glissant une rime qui pourrait faire sourire : “Don’t need no fortune or fame” (“Pas besoin de fortune ni de gloire”). À 24 ans, Michael aura les deux. Et mourra 27 ans plus tard. Une autre (triste) histoire.

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