Rock & Folk

Johnny Hallyday “JOHNNY, REVIENS ! LES ROCKS LES PLUS TERRIBLES” PHILIPS

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1964

D’abord se remettre dans l’époque. Qui est pas mal, dans le genre. Kennedy assassiné, Johnny appelé sous les drapeaux... La carrière du rocker durait depuis trois ans (ce qui déjà semblait interminab­le à certains). Pour ces innombrabl­es détracteur­s, ce service militaire sonne le glas, le retour dans le rang. Johnny le confiera bien plus tard : “Je

pensais que je ne reviendrai­s jamais.” Le plus enrageant étant qu’il venait de réunir le groupe dont il rêvait depuis toujours, une formation pleine d’aisance, d’efficacité, capable de surchauffe et de délire (quoique en face chez Barclay, Vince...). Donc Bobbie Clarke, frappe sèche, un ouragan de double grosse caisse et un swing impitoyabl­e. Ralph Dipietro, le bassiste rital de New York, flambard. Et Joey Greco, tueur total, un type qui ne vit et ne joue que pour lâcher la foudre rock’n’roll, avec cette aveuglante intensité qui reste l’apanage de quelques spadassins de la six-cordes. Six mois durant ce groupe qui sait que tout va s’arrêter le 7 mai 1964 à minuit donne l’impossible, carbonisan­t des foules effarées, délirant dans une aspiration de rage restée unique dans l’histoire de Phrance rock. Johnny, selon l’expression consacrée, enchaîne, bourre l’Olympia, fait ses adieux au Golf Drouot et impose à Philips son rêve teenage : un album de reprises rock fidèle à l’esprit des pionniers, de Bill Haley à Elvis en passant par Gene Vincent dont l’esprit survole les plus belles plages. Jeté sur trois pistes aux fameux studios Blanqui, “...Reviens ! Les Rocks Les Plus Terribles” est enregistré au rythme frénétique de deux titres par jour. Sur les photos (Kasparian) des séances, Johnny est en chemise blanche et cravate noire, imparable look Reservoir Dog qu’il saura retrouver pour “Rock’n’Roll Attitude”. Que dire des arrangemen­ts de “Johnny B Goode”, “Lucille”, “O Carole” et autres pépites traversées d’un carrousel de solos cran d’arrêt provoqués par un Hallyday hystérique qui dirige sa meute à grands coups de sifflets ? Un morceau stupéfie aujourd’hui encore (mystère de la mono originale) : “Lucille”. La voix de l’idole et le saxo de Jean Tosan s’entremêlen­t vers 1 mn 32 pour produire un son nouveau, unique, boucan d’apocalypse. Des années durant, c’est avec ce disque qu’on a terminé nos nuits, quand nos potes anglais se foutaient de nous. “Les Rocks Les Plus Terribles” a toujours eu le même effet : leur clouer le bec. C’est dire... PHILIPPE MANOEUVRE

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