The Beatles
“SGT PEPPER’S LONELY HEARTS CLUB BAND” PARLOPHONE 19 67
En cette fin 1966, les Beatles ne savent plus trop où ils en sont. Ils décident d’arrêter les concerts, le monde change, et Londres est l’épicentre de la révolution underground et psychédélique. Déjà consommateurs de cannabis, les quatre jeunes gens plongent à fond dans le LSD, comme tout le monde, et c’est McCartney qui mène dorénavant le bal. C’est lui le plus branché, le premier à tenter des expériences. Lennon vit alors une vie d’homme marié hors de Londres et ne va emboîter le pas qu’un peu plus tard, suite à sa rencontre avec Yoko Ono. George Harrison se désintéresse totalement du groupe, barré dans son trip oriental. Il ne collaborera que peu à l’album, livrant (en solo) le décalé “Within You Without You”. Ringo Starr, batteur mais non compositeur, s’ennuie ferme. C’est dans cette ambiance délétère et relâchée — les Beatles ne paient pas les studios EMI, ils y vont quand ils le veulent, pour ne rien faire, jammer ou se défoncer — que va être enregistré cet album, le plus long (en temps de fabrication) de tous les temps (à l’époque). Dans son ouvrage “Revolution In The Head”, Ian McDonald affirme que “Sgt Pepper’s...” est un album “plus produit que composé”. Les instrumentations, les traitements du son, le foisonnement d’idées feront école. Mais il est vrai que les chansons ne sont pas toutes des standards. Ainsi les compositions de McCartney, “When I’m Sixty Four”, “Lovely Rita”, “Getting Better”, “Fixing A Hole” et le morceau éponyme sont inoubliables, mais plus pour la forme que pour le fond (la basse, enregistrée en re-recording, énorme, libre, est une révolution à elle seule). Les titres de Lennon, à part “Good Morning” qu’il dénigrera, “For The Benefit Of Mr Kite” et “Lucy In The Sky With Diamonds” sont de plus haute volée. Mais les sommets de ce projet fou sont les titres sur lesquels les deux génies ont collaboré : “With A Little Help From My Friend” offerte à Ringo — les Fabs voulaient qu’il chante un titre par album — “She’s Leaving Home” (McCartney aidé par Lennon) et “A Day In The Life” (le contraire), ces deux derniers titres, magnifiques, bénéficiant d’arrangements somptueux. Cet album marque une étape importante dans l’histoire du rock : il y aura avant et après. STAN CUESTA