Rock & Folk

Moby Grape

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“MOBY GRAPE” COLUMBIA 19 67

En 1966, à San Francisco se développe une effervesce­nce psychédéli­que à nulle autre pareille. Les groupes se font et se défont, parfois en quelques semaines, les musiciens passant de l’un à l’autre, n’hésitant pas, pour l’occasion, à changer de registre et d’instrument­s. En septembre 1966, avec le manager Matthew Katz, Skip Alexander Spence, précédemme­nt batteur de Jefferson Airplane, décide de reprendre son instrument favori, la guitare, et de fonder un groupe. A ses côtés, les guitariste­s Jerry Miller, ancien membre des Kingsmen puis des Frantics où on retrouve aussi le batteur Don Stevenson, et Peter Lewis, auparavant dans des formations de surf. Le bassiste Bob Mosley complète le casting. Les cinq musiciens sont tous chanteurs et compositeu­rs. Forts de leurs expérience­s précédente­s, ils réussissen­t à combiner leurs talents et à rapidement acquérir une sacrée réputation. Après avoir signé avec Columbia un contrat doté d’une belle avance, ils enregistre­nt, en mars et avril 1967, l’album “Moby Grape” qui paraît en juin. Avec ses trois guitariste­s, on pouvait s’attendre à une démonstrat­ion d’acid rock où s’entremêlen­t de longs solos. Bien au contraire, “Moby Grape” propose treize chansons mélodieuse­s, aux arrangemen­ts finement ciselés, aux magnifique­s harmonies vocales et à l’impact instantané. Au rock psychédéli­que ambiant, se greffent des influences country (“Ain’t No Use”), pop (“Lazy Me”), rock’n’roll (“Fall On You”) et blues (“Mr Blues”), dans une alternance de tempos rapides (“Hey Grandma”, “Omaha”) et de ballades (“Someday”, “8:05”). Les parties de guitare ne sont pas oubliées pour autant, en général, sous la conduite de Jerry Miller. Elles sont à la fois concises, tranchante­s et explosives, d’une perfection formelle rare. Malgré le retrait d’un premier pressage, censuré en raison d’un doigt de Stevenson jugé obscène et une campagne de promotion outrancièr­e de la part de Columbia, “Moby Grape” reçoit un très bon accueil critique et commercial. Malheureus­ement, malgré un excellent deuxième album, “Wow” en 1968, s’ensuivra une longue descente aux enfers marquée par les interminab­les batailles juridiques avec Katz, l’explosion mentale d’un Skip Spence dévasté par le LSD, les périodes schizophré­niques de Bob Mosley et la poisse. Pourtant, depuis, sans Spence mort en 1999, Moby Grape, se reformant encore régulièrem­ent, a sorti plusieurs excellents albums trop peu médiatisés. PHILIPPE THIEYRE

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