Iron Butterfly
“IN-A-GADDA-DA-VIDA” ATCO 19 68
Pardon, un peu d’Histoire : cet album est extraordinairement important pour son époque. Il est le symbole total de la folie sixties battant son plein. A New York, les disques Atlantic entendent bien avoir leur part du gâteau psychédélique. Ils attendent un second album du quatuor Iron Butterfly dont le rock balbutiant vire heavy. En restant chercheur ! Et soudain, en
studio, le batteur a une idée : “Et si ? Et si on enregistrait le titre ‘In-A-GaddaDa-Vida’ comme on le fait en concert, dix-sept minutes de jam, avec mon solo de batterie au beau milieu ?” Grosse affaire. A l’époque, seul Ginger Baker a osé franchir le pas et graver dans la cire fumante les furieux roulements de “Toad”. Comme “personne n’a encore fait ça”, le groupe joue son va-tout, ose et décroche la timbale, deux millions d’albums vendus en un temps record. L’effet Hendrix bat alors son plein. Le naïf rock psychédélique devient hard. Blue Cheer et Steppenwolf ont montré la voie, traçons la route
de l’enfer ! On a depuis voulu revenir sur l’historique de cet enregistrement fondamental pour l’Histoire du rock. Tout s’est bien passé le 27 mai 1968, studios Ultra-Sonic à Hempstead (New Jersey). On n’en sait pas beaucoup plus. Car ensuite, comme dans tous ces moments mythiques, rumeurs, contre vérités et faux témoignages abondent selon le survivant des sixties qui raconte. Selon le grand Lester Bangs, le titre original prévu était de fait “In The Garden Of Eden” mais le chanteur Doug Ingle, ivre, aurait savonné le texte. Plausible. Autre version : le batteur Ron Bushy écoutait au casque, il a demandé : “C’est quoi
le titre ?”, mal entendu la réponse, etc. Etrangement, aucun producteur Atlantic n’était présent ce jour-là en studio. L’ingénieur Don Casale aurait laissé tourner la bande pendant une répétition du titre, jugée assez bonne au final pour publication. Enfin, les musiciens d’Iron Butterfly revendiquent un producteur non cité sur la pochette : rien moins que Shadow Morton (légendaire accoucheur des Shangri-Las, du girl group Isis et des New York Dolls) présent ce jour-là. Il aurait dirigé la fameuse séance. Et collé le caverneux écho tribal sur la batterie. Disparu en 2013, l’homme de l’ombre avait décrété ne se souvenir de rien, “étant dans l’alcool à l’époque”. PHILIPPE MANOEUVRE