Miles Kane
VIRGIN/EMI La pochette, déjà, est belle. La peau de Miles Kane est bleue, c’est la nuit, des lumières artificielles semblent danser autour de lui. Influence assumée du film “Drive”. Côté musique, pour ce troisième album solo, coécrit avec Jamie T à Los Angeles, Miles Kane semble décidé à faire le disque dont il rêvait depuis toujours, sans se soucier des retombées. Au placard le costard de dandy et les constructions faites de strates sensibles. Ici, Kane déchire sa chemise d’élégance et balance du riff glam, des cavalcades rock’n’roll, des pointes punk. “Too Little Too Late”, qui ouvre, est frontal, fédérateur et saturé comme il faut. Tube de stade un jour de derby électrique, nickel ! “Cry On My Guitar” ressuscite Bolan et balance des “shalalalala” sans vergogne. “Loaded”, avec Lana Del Rey, calme le tempo, demande en ami John Lennon et évoque le Miles Kane d’avant cet album libérateur et décomplexé. Ici, le songwriter fait comme tous ses collègues pop britanniques depuis les années 60, il tente d’écrire la suite... “Charlie Manson” accélère, Miles crie, un peu, et semble surtout s’amuser comme un môme laissé seul un samedi après-midi. “Killing The Joke”, plus acoustique, tout en rondeurs d’alcôve, devrait agacer comme il faut Liam et Noel... “Coup de Grace” débute comme Clash qui désirait expérimenter, Kane chante, provocateur, la guitare dessine un ring élastique. “Silverscreen” est une grenade pop punk délicieuse et tendue comme un string de Californienne à peine majeure. Le disque se termine sur l’impeccable “Shavambacu”, des doigts claquent comme dans “West Side Story”, Kane progresse tel un renard dans un poulailler avant d’enlacer un soleil de printemps. JEROME REIJASSE