Giant Sand
FIRE Avec cet album, Howe Gelb boucle la boucle, avant, peut-être, de mettre un terme définitif à l’aventure Giant Sand. Ceux qui le voient comme un pionnier del’americana vont être surpris. En effet, si son groupe inclassable a exploré les vastes territoires musicaux d’une nouvelle country, donnant naissance, au passage, à Calexico (formé par deux anciens de ses membres), ses débuts ont été... quasi punk. Son premier album, “Valley Of Rain”, paru en 1985, était ainsi une déflagration de rock saturé rappelant Neil Young dans sa veine la plus sauvage. Mais Gelb n’a jamais été satisfait du son de ce disque, parce qu’il y utilisait un ampli à transistors, alors très en vogue. Ayant découvert peu après un vieil ampli Fender à lampes (racheté à Robby Krieger !), il s’est toujours dit qu’il aurait été parfait pour cet album... Au point de réenregistrer celui-ci trente-cinq ans plus tard, dans son intégralité, avec certains membres originaux revenus pour l’occasion. Ce qui situe un peu le personnage, le genre de type qui fait ce qu’il veut quand il veut — comme Neil Young, justement. Le résultat est décoiffant. Dès le premier morceau, “Tumble And Tear”, on pense à cette vague américaine eighties lancée par Hüsker Dü, The Minutemen ou The Replacements, tous ces grands groupes, ancêtres de Nirvana, qui jouaient rapide, saturé, mélodique et toujours vaguement dissonant (ce qui ne veut pas dire faux). Sur des titres superbes comme “Curse Of A Thousand Flames” ou “Death Dying And Channel 5”, le chef-d’oeuvre du disque, on pense évidemment aux Pixies. Si l’on ajoute qu’Howe Gelb n’a jamais aussi bien chanté, on comprendra que l’on tient ici un album superbe et indispensable. STAN CUESTA