Delgres
PIAS L’histoire est simple, trois musiciens confirmés, Pascal Danaë (chant et guitare), Baptiste Brondy (batterie) et Rafgee (sousaphone), décident de monter un groupe de blues du Delta en y alliant modernité, langue créole et une immense envie de faire quelque chose de radicalement différent. Quatre ans de travail plus tard, le résultat est ahurissant. Une tuerie qui devrait autant plaire aux fans de Robert Johnson qu’à ceux de Body Count, le niveau sonore d’une partie de l’album étant taillé pour la démesure du Hellfest. Dès le premier titre, “Respecte Nou”, les potentiomètres sont dans le rouge. Pendant que la guitare surfe sur un rythme infernal, le chanteur appuie chaque syllabe, à la manière d’un dentiste enfonçant rageusement sa roulette dans les profondeurs d’une dent cariée. On pense à un rythme créé par le pasteur Solomon Burke sur lequel LKJ balancerait un flow incendiaire à propos des turpitudes du monde. En fait, c’est encore mieux, car complètement inédit sous cette forme : un blues résolument moderne dans l’esprit, mais totalement roots dans sa conception. Après cette entrée en matière, le groupe présente une succession de titres aux ambiances bien tranchées, toujours dans la même coloration sonore. Même une chanson supposée être plus calme comme “Chak Jou Bon Dieu Fe” intègre magnifiquement cette rythmique très appuyée. A aucun moment les arpèges de la guitare ne sont perturbés par la frappe du batteur, digne des grandes heures de Motörhead. A ce niveau-là, on peut parler de mariage réussi. Au final, des hits, des hits et encore des hits. Potentiels, certes. Le problème étant maintenant de les départager, en écoutant en boucle “Mo Jodi”, “Can’t Let You Go” ou “Anko” dans cet album aux changements climatiques surprenants. GEANT VERT