Rock & Folk
Hommage au préservatif
L’un a commencé sa carrière dans le métro parisien, une autre a donné ses premiers concerts à Londres puis à Dubaï, certains ont débuté par un projet audiovisuel, et des petits nouveaux ont tenté une tournée en Asie :
à travers la plupart des huit sélectionnés du mois (parmi trente-cinq arrivages à la rédaction), la scène indépendante offre un panel de trajectoires différentes mais une volonté commune de se démarquer.
Originaire de Saint-Cloud, Meteoclub est un power trio impulsif. Ce premier album attaque bille en tête et ne dévie pas de sa trajectoire énervée avec une douzaine de morceaux concis et toniques. On peut lui reprocher un manque de diversité dans les climats et les mélodies, mais cette uniformité est conforme au propos, qui emprunte parfois au punk son énergie rentrededans et le goût de la provocation, déjà perceptible à travers son titre, conçu comme un hommage au préservatif et aux débordements sexuels (“LatexHighQuality”, facebook.com/meteoclub.rockband).
Après avoir abandonné le milieu de la publicité, Vanupié (originaire d’Annecy) a peaufiné depuis une dizaine d’années son répertoire, d’abord dans le métro puis en multipliant les premières parties sur toutes les scènes possibles, avant d’écumer aujourd’hui les festivals, qui lui réservent un excellent accueil. Son second album, enregistré en compagnie de musiciens aguerris et complices, explique l’engouement qu’il suscite face à des publics éclectiques : il s’est éloigné de la soul de ses débuts pour privilégier un reggae plaisant et fluide sur lequel sa voix atypique et androgyne fait sensation (“Gold”,VanupiéProd, facebook.com/VanupiéOfficiel).
Fondé en 2013, le trio Les Why constitue la face musicale d’un projet audiovisuel concocté quatre ans plus tôt par trois personnes travaillant pour Arte. Comme les précédents, ce quatrième album s’articule autour d’un concept qui se décline également en film : retracer la vie de Belle Starr, femme hors-la-loi américaine. Les textes francophones s’appuient sur une optique americana bien maîtrisée et les chansons portées par une voix féminine douce et déterminée offrent une démonstration convaincante de transposition musicale et linguistique réussie (“La LégendeDeBelleStarr”,WhyTim, facebook.com/WildWildLesWhy).
Formé en 2014 à Niort, le quatuor Colours In The Street a déjà donné bon nombre de concerts, notamment en Asie : il a tourné l’an dernier en Corée du Sud et en Chine, pays où il est retourné récemment pour célébrer la Fête de la musique. Fort de cette ouverture internationale et d’un premier album remarqué, il sort un EP cinq titres très représentatif de ses options musicales : une pop mélodique dans la lignée de Coldplay, moins convaincante quand elle s’essaie au français, mais très efficace et accrocheuse sur des morceaux anglophones comme “Lions” (“TellTheWorld”,VelvetColiseum, coloursinthestreeet.com).
Entre électronique et musique classique, le parcours de Maxence Cyrin n’est pas banal : après avoir tâté de la new wave et participé à la naissance de la scène électro française, puis sacrifié à la pop et à l’easy listening, il a renoué avec son amour du piano et du classique et sorti trois albums de reprises. Avant de s’attaquer à un nouveau projet autour de ses propres compositions, ce musicien émérite clôt en beauté cette période avec ce mini-album live où il reprend des titres de Nirvana, Depeche Mode ou Joy Division et parvient à en révéler avec grâce l’aspect romantique (“NovöPianoLive”,Enchanté Records/Idol,maxencecyrin.fr).
27 ans après le premier, le sixième album de The Needs s’annonce explicitement comme le testament du groupe : dédié au défunt Lucas Trouble, “empereurdusonanalogique”, il est une démonstration éclatante de rock garage. A l’image d’un groupe issu de la région d’Aix et Marseille, qui connut une existence chaotique mais resta solidement campé sur ses fondamentaux rock’n’roll et les cultiva contre vents et marées, jusqu’à cette décision irrévocable : “LesNeedsvontdoncmourirpournepas savoirapparteniràl’époquedanslaquelle ilssurviventtantbienquemal.”(“The MostElegantHangedMen”,Nova Express,novaexpressrecords.com)
Etabli à Toulouse, Slim Paul est un authentique bluesman anglophone qui a accompli récemment son voyage initiatique aux USA et adopté son patronyme en hommage aux bluesmen des années 30. Son premier album, et quatrième disque en solo depuis 2012 (en parallèle à ses expériences de groupe avec Scarecrow, qu’il a choisi d’arrêter), dégage un parfum d’authenticité tant à travers la voix puissante et éraillée qu’avec l’optique instrumentale qui va du blues acoustique et roots jusqu’à des envolées électriques, le tout porté par une maestria assez époustouflante (“Dead Already”,BlueLine,slimpaul.com).
Après un premier essai en 2013, la parisienne Soejoe sort un nouvel EP quatre titres qui joue la carte groovy en douceur. Tombée dès l’âge de dix ans dans la marmite soul grâce à sa passion pour Aretha Franklin, elle est passée par des études de jazz et le Conservatoire avant d’évoluer entre Londres et Dubaï où elle appris à révéler sur scène ses talents vocaux. Cette palette d’expériences rejaillit sur ses chansons intimistes dont sa voix délicate et jazzy met en valeur les mélodies attachantes qu’elle a composées (“TheOtherShore”, soejoe.com).