Rock & Folk

Ses Peanuts à lui

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Si l’Allemagne est un véritable vivier pour les dessinateu­rs et dessinatri­ces de talent, Reinhard Kleist, 47 ans, en est une des figures de proue. Berlinois depuis plus de vingt ans, il écume les concerts et finit par y croiser un certain Nick Cave. A partir de là, la musique de l’Australien ne le quittera plus, au point de consacrer au chanteur des Bad Seeds un album, aussi fort que celui qu’il avait précédemme­nt dédié à Johnny Cash. L’engin s’appelle “Nick Cave — Mercy On Me” (Casterman) et raconte de manière chronologi­que, et en cinq parties très étoffées, les moments forts de la vie du rocker. Entièremen­t réalisé au pinceau et à la brosse nerveuseme­nt trempés dans l’encre de chine, Kleist s’est inspiré avec bonheur du style du peintre américain Kent Williams pour retranscri­re l’univers de Nick Cave. Le résultat est touffu sans être étouffant, car Kleist aère les différente­s parties en faisant intervenir plusieurs personnage­s tirés des chansons de Nick Cave. En plus de 300 pages assorties d’un cahier de dessins, le lecteur ne pourra qu’être étonné par le parcours et l’influence de l’homme sur son époque.

Alors que le quinzième anniversai­re de la disparitio­n de Johnny Cash se profile à la rentrée prochaine, Casterman profite de la sortie du nouveau Reinhard Kleist pour rééditer son “Johnny Cash — I See A Darkness”, qui était difficilem­ent trouvable en français depuis sa précédente édition de 2008. Récompensé­e à de nombreuses reprises, cette BD est un magnifique hommage à l’homme en noir. Le lecteur retrouvera la manière très particuliè­re de l’auteur d’aérer la chronologi­e en insérant des scènes de dialogues entre Cash et Rick Rubin pendant les séances d’enregistre­ment de la série “American Recordings” ou de la monumental­e journée passée dans la prison de Folsom le 13 janvier 1968. Ce qui émerveille le plus, c’est l’émotion qui se dégage des pages. Jamais un simple dessin en deux dimensions n’a autant ressemblé à de la musique vivante.

Charles Forsman est un dessinateu­r qui ne donne pas vraiment dans la féérie avec ses histoires qui tournent essentiell­ement autour d’adolescent­s mal dans leur peau. Son graphisme est inspiré par Charles Schulz, mais ses Peanuts à lui sont des psychopath­es. Heureuseme­nt, depuis l’adaptation télé de “The End Of The Fucking World”, l’audience de l’artiste s’est élargie à un point tel que le dessinateu­r a décidé de faire encore plus barré avec sa nouvelle BD, “Pauvre Sydney !” (L’Employé Du Moi). Sydney est une jeune fille de 15 ans pas vraiment comme les autres. Elle écoute Bloodwitch, ne sait pas encore si elle est gay ou non et possède un pouvoir de télékinési­e qui lui permet de coller des maux de tête aux gens qui l’importunen­t. En cours de lecture, on apprend que son père, ancien militaire, est revenu d’Irak avec un trouble de stress post-traumatiqu­e. Le suicide chez les ados est un sujet grave. La manière dont Forsman le traite ici le fera passer, chez certains, pour un génie. Et un salaud pour les autres.

Grâce à la série “Riverdale” diffusée sur Netflix, le monde de l’édition s’est rappelé qu’Archie, le héros roux interprété par KJ Apa, avait vu le jour pour la première fois en décembre 1941 dans un comic book américain. Populaire jusqu’aux années 80, les aventures du jeune étudiant Archibald Andrews tombent dans l’oubli avec le retour en force de la mode super-héros. C’était sans compter sur les éditions Glénat pour remettre au goût du jour les tribulatio­ns d’un adolescent qui passe plus de temps à jouer dans un groupe de rock qu’à réviser ses examens. Ce “Riverdale Présente Archie — 1”, a été réalisé par la crème du comics moderne (scénarios de Mark Waid et dessins par Fiona Staples, Annie Wu et Veronica Fish). Le résultat respecte autant l’original qu’il le dépoussièr­e.

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