Folks Blues Festival
27 AU 29 JUILLET, BINIC
Sans équivalent à l’heure des grosses machines mercantiles, l’irréductible festival breton fêtait ses dix ans.
Après la canicule, l’incendie du poste électrique de Montparnasse et une longue transhumance, l’arrivée à Binic est une bouffée d’air maritime dans l’été vicié. Pas seulement pour des raisons climatiques. En fait, ce festival qui fête sa première décennie ne ressemble à aucun autre. Un rassemblement gratuit, sis dans un joli port encaissé des Côtes-d’Armor, qui propose une affiche faite de groupes rock, blues (un peu) et folk (cette année, pas du tout). Les programmateurs (le tourneur U-Turn, le label Beast et l’association La Nef D Fous) activent chaque année leurs réseaux souterrains pour satisfaire un public de connaisseurs qui, lui, vit dans un monde parallèle où Eddy de Pretto, Biflo & Oli et les pintes à plus de cinq euros n’existent pas. Beaucoup de bonnes surprises au fil de ces trois soirs : Bench Press, formation post-punk australienne emmenée par un chanteur possédé et un guitariste brillant. Les Lullies, de Montpellier, ont de beaux atours (guitares Dan Armstrong et Rickenbacker, maillot des Bleus millésime Euro 96) et enquillent les morceaux sur le mode haute énergie. Endless Boogie, lors de ses deux concerts (les groupes jouent souvent deux, voire trois fois, au cours du festival) étire des jams psychédéliques avec grâce. Les Rennais de Kaviar Special (épaulés par le guitariste des Madcaps) donnent une démonstration sur la scène Pommelec, à base de morceaux stoner, glam, pop passionnants. Autres représentants bretons : Electric
Nettles, dépositaires d’une formule évoquant sixties et Pixies qui retombe sur ses pattes. Le chanteur des Nettles enfile ensuite une cape de Panoramix, costume de rigueur pour son autre groupe, les Druids Of The Gué
Charrette. Une incroyable cérémonie heavy rock, psychédélique, surf et, heureusement, pas du tout celtique. Le fil rouge du festival : Ian Svenonius, présent avec deux de ses projets, Escape-Ism et XYZ, donne des concerts un tantinet trop poseurs et arty. L’inverse de Mark Porkchop Holder, un barbu du Tennessee qui sert, en trio, de généreuses côtelettes de blues. Plus sophistiqués, Flat
Worms et Omni envisagent l’affaire par un prisme plus élégant, presque trop pour le public du samedi soir qui a soif de plaisirs simples. Pour cela, il y a White Cowbell
Oklahoma, gang hard rock canadien faussement sudiste et réellement de mauvais goût. L’intérêt du truc réside dans la présence d’une mascotte à chapeau de cowboy qui, munie d’une cowbell, d’une meuleuse, d’un lance-flammes minable, d’une tronçonneuse et de rouleaux de papier toilette assure un spectacle navrant et donc très plaisant. Enfin, le dimanche soir, Kid Congo And The Pink
Monkey Birds donnent une fort élégante revue garage. Très peu de classiques du Gun Club, encore moins des Cramps, mais un concert à la fois lettré et sauvage du dandy latino.