Rock & Folk

Lenny Kravitz

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“Raise Vibration” ROXIE/BMG

L’air de rien, l’an prochain, en plumant des vieux, ça fera trois décennies que Lenny Kravitz sévit. Né à New York l’année où les Beatles sont passés, la première fois, au Ed Sullivan Show, ce type doué et inspiré aurait sûrement préféré être de la génération de ses héros (grosso modo, tous ceux qui ont marqué l’histoire du rock, de la pop et de la soul), mais s’est accommodé à son époque en créant un peu à côté de la plaque par rapport à la propositio­n technologi­que (cet amoureux du vintage s’évertue à confection­ner ses disques à l’ancienne) et en s’adaptant sans problème à l’industrie de la musique, aussi fake soit-elle devenue aujourd’hui. Et donc, pour ce onzième album, il a pris les mêmes et recommencé. C’est-à-dire lui (qui joue tout sauf les cuivres et les cordes) et Craig Ross son fidèle partenaire à qui il a confié la charge du mixage. Les douze titres de ce “Raise Vibration”, qui laisse transparaî­tre une préoccupat­ion plus politique que d’habitude (oui, les millionair­es s’inquiètent également, et pas qu’au sujet de l’impôt sur la fortune), sont d’un très bon niveau et on remarquera que “It’s Enough” et “Low”, parus en singles éclaireurs, n’en sont pas les meilleurs. En vérité, on aurait tendance à leur préférer “Ride” au groove simple et efficace ou “5 More Days ’Til Summer” avec son solo de wah-wah et ses cordes à la Leo Sayer. La chanson-titre est la plus rock (et la plus Lennon) et fera assurément de l’effet sur scène ; dans un tout autre style, “Johnny Cash”, ballade écrite peu après le décès de la mère de Lenny, est incontesta­blement un des sommets du disque. Il y est question de se faire réconforte­r quand on a du chagrin ou, par extension, quand les temps malmènent. C’est rien de dire que des albums comme celui-là, sans casser la baraque, font du bien. ✪✪✪ JEROME SOLIGNY

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