Paul Weller
“True Meanings” PARLOPHONE/WARNER
C’est cyclique chez Paul Weller : depuis ses débuts, il alterne classicisme et modernisme (au sens littéral). Classique chez les Jam, moderniste avec le Style Council, classique ensuite avec ses premiers albums en solo, puis plus aventurier avec “Heliocentric” au tournant du siècle, puis re-classique (“Illuminations”, “As I Now”, dispensables), il a pris son envol en se libérant des carcans mod traditionnalistes avec le formidable “22 Dreams”, resserrant ensuite les boulons avec le tonitruant “Wake Up The Nation”, son dernier grand album, paru en 2010. Depuis, il a voulu encore innover, mais les résultats n’étaient pas franchement concluants (“Sonic Kicks”, “Saturn Patterns”). Aujourd’hui, le Britannique sort un album intégralement folk. A l’anglaise, évidemment. Tout cela est plein de guitares acoustiques et de cordes à la Robert Kirby, généralement sans batterie et sans basse. Weller y chante d’une voix étonnamment touchante des textes pastoraux écrits par Erland Cooper, accompagnant des chansons intitulées “The Soul Searchers”, “Old Castles”, “Books”, “May Love Travel With You” ou “White Horses”. On voit le genre... C’est un disque d’homme mûr, mélancolique, qui ressemble davantage à la somme de plusieurs variations autour d’un même thème qu’à une suite de chansons réellement mémorables. Weller y est au meilleur lorsqu’il s’adonne à une sorte de folksoul blanche bénéficiant de légers cuivres (“Mayfly”, “White Horses”, “Movin On”) où il sonne comme un Jon Lucien élevé au fish & chips ou un Marvin Gaye délavé par la pluie. La pochette, d’ailleurs, est un hommage vibrant au “Sweet Soul Music” d’Arthur Conley. Idéal pour dériver seul sur son canapé. ✪✪✪ NICOLAS UNGEMUTH