Rock & Folk

Swamp Dogg

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“Love, Loss And Auto-Tune” JOYFULNOIS­E/DIFFER-ANT

75 ans, dont 64 passés à chanter : Jerry Williams Jr, qui débuta sous le nom de Little Jerry, retrouve son alter ego Swamp Dogg, dont le premier album, “Total Destructio­n Of Your Mind”, sorti en 1970, proposait du rhythm’n’blues barré avec une touche psyché. Sur cet étonnant nouvel album, le Dogg sudiste a une démarche évoquant celle de Kanye West sur son fameux “808 & Heartbreak”. Comme le rappeur bipolaire, il utilise abondammen­t l’Auto-Tune, ce logiciel correcteur de voix, pour raconter des histoires d’amours brisées. Produit par Ryan Olson (du groupe Poliça), “Love, Loss And Auto-Tune” est un disque désespéré consacré aux relations humaines et à leur inéluctabl­e fin. Supplique pour le retour de la femme qui l’a quitté, ode à l’absence, sexe avec son ex, obsession de celle qui n’est plus là : ce projet pourrait être celui d’un dépressif qui contemple le vide depuis le dernier étage d’un gratte-ciel, mais la rédemption arrive sous la forme d’un humour cruel et sombre qui se devine dès la pochette, où le vieux soulman boit son thé en chaussons japonais au bord d’une piscine vide. “I’ll Pretend” invite Justin Vernon, mieux connu pour ses escapades neurasthén­iques avec son groupe Bon Iver, et Guitar Shorty pour une plongée aux tréfonds de la dépression avec des lyrics sinistres (“Je ferai comme sites vêtements étaient toujours dans le placard/ Et je ferai comme si ton parfum flottait toujours dans l’ air”). “Lonely” n’est guère plus joyeux, même si son refrain hante l’auditeur longtemps après l’écoute. La démarche de Ryan Olson, qui a donné à Swamp Dogg un son moderne à base de boîtes à rythmes et de claviers synthétiqu­es, ne gomme en rien la soul qui anime cet extraterre­stre de la black music. Une légende en mode renaissanc­e. ✪✪✪ OLIVIER CACHIN

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