Rock & Folk

Billy F Gibbons

“The Big Bad Blues”

- BERTRAND BOUARD

CONCORD Billy Gibbons aura mis quarante-six ans avant de faire une infidélité à ses acolytes de ZZ Top (“Perfactamu­ndo”, 2015), le voilà qui récidive avec cette seconde incartade. Si la première s’expliquait par la nature du projet, une virée fun dans les eaux cubaines, “The Big Bad Blues”, à bien des égards, aurait pu faire un album du trio texan. On ne s’en plaindra pas : la production est plus sobre ici (tout est relatif), et Gibbons semble avoir renoué avec une joie de jouer qui ne sautait plus aux oreilles sur les dernières production­s du mastodonte de Houston. Backtotheb­lues, donc, avec shuffle graisseux en ouverture, variation sur celui de “La Grange” (“Missin’ Yo’ Kissin’ ”), solos striés d’harmonique­s, breaks, relances, tout ce en quoi l’homme excelle depuis quelques décennies. A ses côtés, une joyeuse équipe où se repèrent l’ex-Guns N’Roses Matt Sorum, l’organiste Mike Flanigin ou l’harmonicis­te James Harman. Gibbons signe sept des onze titres, certains anodins (“That’s What She Said”), d’autres assez jouissifs (“Let The Left Hand Know...”, “Hollywood 151”). La voix est parfois passée au filtre de l’Auto-Tune et les paroles assez éloignées des oeuvres de Schopenhau­er (“My Baby, She Rocks”), mais rien de très gênant. Les deux reprises de titres de Bo Diddley sont à tomber (“Bring It To Jerome” et “Crackin’ Up”), celle de “Rollin’ And Tumblin’” aussi, customisée par un riff bazooka. Sur le plan des guitares, le tout est une sorte d’éloge de la lenteur, avec solos très au fond du temps où chaque note est enfoncée au plus profond du crâne de l’auditeur. Selon l’intéressé, Franck et Dusty testeraien­t des idées en studio pour un prochain ZZ Top, mais, à dire vrai, ce qu’on a ici convient très bien.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France