Rock & Folk

The Chills

“Snow Bound”

- BENOIT SABATIER

FIRE Le plus consternan­t dans la disparitio­n des Chills ? Que personne ne s’en soit aperçu. Faute de succès, le leader, Martin Phillipps, en a-t-il eu ras la cafetière, a-t-il jeté l’éponge en 1996 pour trouver un autre boulot ? Non. Quoique — si tant est que drogué soit un métier. Dans les années 80, les Chills, cousins des Go-Betweens, s’imposent comme l’un des meilleurs groupes d’un des meilleurs pays rock (la Nouvelle-Zélande). Warner les signe en 1990, “Heavenly Pop Hit” est un hit — c’est l’époque où des formations comme World Party ou Crowded House comptent. La réussite n’a été qu’un flash : à la fin de la décennie 90, Phillipps fout ses instrument­s au clou et change de taf. Il trouve une place de dépressif, puis passe à toxico — concoctant ses opiacés dans sa cuisine. Il chope une hépatite C, manque d’y rester, décroche. Enregistre le disque du retour, en 2015. Problème : il a lâché l’héroïne maison pour se venger sur la bouteille. “Snow Bound” est le sixième album des Chills et probableme­nt le premier où Phillipps affiche une totale sobriété — obligé, on ne lui donnait plus que six mois à vivre. A 55 ans, il retrouve vigueur et enthousias­me — voir le pétaradant “Complex”. Idéalement, “Snow Bound”, ce serait XTC jouant les Seeds, Ric Ocasek épaulant The Vietnam Veterans, ce serait The Chills de nouveau Heavenly. On n’en est pas encore là — la production manque un peu d’ampleur, les mélodies de souffle. Le vélo, ça ne s’oublie pas, sauf que Phillipps ne remonte pas sur un biclou, mais dans le train du songwritin­g. Après une parenthèse désenchant­ée, il a repris son vrai boulot, il commence par se dérouiller. La prochaine fois, prévoir une dérouillée de grandes chansons.

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