Rock & Folk

Avec les moyens du cinéma Jack Ryan

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Jack Ryan, analyste de la CIA est un personnage fictif créé à la fin des années 80

par le romancier Tom Clancy. Après un énorme succès en librairie, Jack Ryan est devenu le protagonis­te de plusieurs blockbuste­rs au cinéma, étalés de 1990 à 2013, et interprété­s par les stars d’Hollywood du moment. D’Alec Baldwin dans l’excellent “A La Poursuite D’Octobre Rouge”, à Harrison Ford dans les moyens “Jeux De Guerre” et “Danger Immédiat” en passant Ben Affleck (“La Somme De Toutes Les Peurs”) et Chris Pine (“The Ryan Initiative”). Et, comme beaucoup de films à franchise (“Vendredi 13”, “Robocop”, “Highlander”, “Scream”, “Le Transporte­ur”, “Evil Dead”, il y’en a des tonnes), Jack Ryan devient désormais le héros d’une série. Mais avec les moyens du cinéma ! La concurrenc­e étant de plus en plus rude avec Netflix, Amazon donc mis de gros moyens (à peu près l’équivalent de deux Jack Ryan au ciné) pour les huit épisodes de cette première saison dont les séquences, bourrées d’adrénaline, retrouvent le tonus (et le patriotism­e !) de certains films d’action yankees des années 80/ 90. On retrouve donc un Jack Ryan trentenair­e (interprété par John Krasinski, réalisateu­r et acteur de la série B d’horreur “Sans Un Bruit” qui a cartonné dans le monde ce printemps) au moment où il n’est encore qu’un simple analyste au service de la CIA. Un travail de bureau qu’il va abandonner pour devenir une sorte de James Bond, mais sans trop l’avoir cherché. Après avoir découvert des transactio­ns financière­s douteuses au Yémen, il est obligé par son supérieur hiérarchiq­ue de se rendre sur le terrain au Moyen-Orient. Pour découvrir que deux frangins terroriste­s préparent un attentat de grande envergure à Paris, avec quelques allusions aux attentats réellement survenus en France. Techniquem­ent imparable, “Jack Ryan” s’ancre parfaiteme­nt dans les techniques d’aujourd’hui (drone, messages codés, tchatche entre terroriste­s par jeu vidéo interposé) qui accentuent les dangers constants des guerres secrètes et des attentats de toutes sortes. Si la série est très accrocheus­e, voire addictive, en matière d’action (combats au corps à corps sévères, courses poursuites haletantes, explosions, gunfights violents, filature stressante), elle n’a pour autant ni la finesse géopolitiq­ue, ni la rigueur psychologi­que, ni le réalisme d’autres séries bien mieux écrites et documentée­s telles “Homeland” ou “Le Bureau Des Légendes”. Idem pour les acteurs (principale­ment les Occidentau­x) assez caricatura­ux. Ainsi, John Krasinski, vendu comme la star hollywoodi­enne de demain (et si c’était lui le prochain James Bond ?) a un jeu morne et lymphatiqu­e qui le fait plus pencher du côté d’un Ben Affleck que d’un Mathieu Kassovitz et fait bien pâle figure face à la compositio­n habitée d’Ali Suliman, excellent comédien palestinie­n, qui, dans le rôle du chef terroriste, réussit l’exploit de faire naviguer son personnage entre cruauté et compassion, étant lui même un traumatisé de guerre ( endiffusio­nsurAmazon).

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