Rock & Folk

LENNY KRAVITZ

L’Américain sort un huitième album règlementa­ire et digne de son statut de pop star globale. En revanche, le musicien donne encore parfois des interviews surprenant­es...

- Olivier Cachin

“J’ai rencontré des pilotes qui pensent que la Terre est plate”

Lunettes psyché à la Jimi Hendrix/ Prince, forêt de dreadlocks et barbe de trois jours : Lenny est à Paris, aussi flamboyant en ce dernier jour d’août qu’il y a (presque) trente ans, quand il présentait au monde son premier album, “Let Love Rule”. Le musicien de 54 ans, fils de Sy Kravitz et Roxie Roker (ça ne s’invente pas), est là pour parler de son nouvel album “Raise Vibration”, le onzième. Un disque sur lequel on trouve le fantôme de Michael Jackson, un souvenir de Johnny Cash et June Carter ainsi qu’une longue chanson, “It’s Enough !”, dans laquelle Lenny s’attaque à quelques maux de l’époque avec le lyrisme qu’on lui connaît. Lenny mange une mangue fraîche, dans un salon avec vue sur l’Arc de Triomphe, avant de confier ses pensées sur les rêves, le deuil et... la possibilit­é d’une planète plate.

La voix de Michael

ROCK&FOLK : Vous êtes artiste depuis les années 80, avez-vous parfois peur de vous répéter ?

Lenny Kravitz : Il y a un lien entre tous les disques que je fais car ils émanent de moi. Quand on écoute un grand album de Jimi Hendrix ou de Led Zeppelin, ils arrivent à garder le même son. Leurs morceaux sont différents mais leur son est cohérent. Ça, je ne sais pas faire. Je passe du rock’n’roll guitare/ basse/ batterie à de la soul/ R&B avec cuivres et cordes.

R&F : Comment a été conçu cet album ?

Lenny Kravitz : “You Can Get It All Together” et “Low” ont été les premiers titres. Tout l’album vient de mes rêves. Je me levais au milieu de la nuit, j’entendais les morceaux joués comme sur un disque, en bruit de fond. J’avais mon téléphone près du lit, j’enregistra­is les mélodies

et j’allais au studio le lendemain matin pour transcrire ça en jouant tous les instrument­s, un par un. R&F : On entend la voix de Michael Jackson sur “Low”... Lenny Kravitz : J’avais enregistré “(I Can’t Make It) Another Day” avec lui et le titre s’est retrouvé sur l’album “Michael”, qui ne m’a pas franchemen­t emballé... R&F : Au moins, c’est un morceau qu’il a vraiment chanté (trois titres de “Michael” ont été interprété­s par un imitateur, Jason Malachi)...

Lenny Kravitz : Ah oui, on l’a enregistré ensemble pour l’album “Invincible” en 2001, mais les producteur­s l’ont trouvé trop rock. Michael l’adorait, il a toujours aimé les guitares façon “Dirty Diana” ou “Beat It”, donc il m’a dit : “on

le garde pour le prochain disque”. On avait enregistré plusieurs autres titres à Los Angeles, au studio de Marvin Gaye. Quand j’ai écrit “Low”, j’entendais la voix de Michael, c’était une chanson que j’aurais pu lui proposer. J’ai trouvé des vocaux à lui dans la bonne tonalité et je les ai incorporés au morceau.

R&F : Un des morceaux s’intitule “Johnny Cash”. Pourquoi ?

Lenny Kravitz : Un jour, alors que j’habitais chez Rick Rubin, je revenais juste de voir ma mère à l’hôpital et j’allais y retourner, mais j’ai appris sa mort en arrivant. Johnny Cash et sa femme June Carter vivaient aussi chez Rick. Ils m’ont vu effondré, m’ont serré dans leurs bras et m’ont réconforté. Ça m’a donné l’idée du refrain : “Just hold me like Johnny Cash when I lost my mother, whisper in my ear just like June Carter.” R&F : Dans “It’s Enough !”, vous évoquez les chem trails (les traces laissées dans le ciel par les avions et dénoncées sur YouTube par les conspirati­onnistes)... Lenny Kravitz : Je lis beaucoup, je regarde des vidéos, ça me passionne. Dans la chanson, je m’interroge sur ces chem trails…

Tout le monde rigole

R&F : Vous n’êtes pas membre de la “Flat Earth Society”, quand même ?

Lenny Kravitz : Je trouve qu’il y a des arguments de chaque côté. J’ai rencontré des pilotes qui pensent que la Terre est plate. J’ai parlé à des gens très intelligen­ts qui le croient. Tout le monde rigole mais... avez-vous vu les documentai­res sur le sujet ? Certains sont intéressan­ts, vous savez. R&F : Vous pensez parfois à la fin de votre carrière artistique ? Lenny Kravitz : Daniel Day-Lewis a déclaré qu’il arrêtait le cinéma pour fabriquer des chaussures. Certains artistes savent dire stop. R&F : Pas vous ? Lenny Kravitz : Je ne le sens pas encore mais si c’était le cas, j’arrêterais. ★

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