CASTEL, LOCOMOTIVE ET BUS PALLADIUM
Deuxième volet d’une série consacrée aux nuits parisiennes : l’histoire de trois clubs nés dans les sixties et où les jeunes rockers, enfin, trouvaient refuge.
LA JEUNESSE, C’EST L’OBSESSION DES SIXTIES. Elle sera aussi celle des punk rockers. Normal pour une génération qui rêvait d’inventer ses sixties à elle, alors que la fête s’annonçait finie. La jeunesse... Nino Ferrer, Hugues Aufray ou Jean Yanne mentent sur leur âge, eux qui ont connu les fifties et abordent la trentaine. Elle est aussi le traumatisme de Gainsbourg. Tout fier de poser dans Salut Les Copains au milieu d’absolus jeunots et de twisters parfois douteux. Michel Paje ! Michel Hamburger/ Berger ! La Torr et tant d’autres. Nous sommes en 1964. Bientôt, Abbie Hoffman lâchera son célèbre : “Ne faites jamais confiance à un plus de trente ans”. La jeunesse est absolue et brillante. La jeunesse invente le monde. A Paris comme ailleurs.
En ce contexte, les classes sociales paraissent (presque) éradiquées. Il suffit d’être jeune et d’avoir les cheveux longs. En réalité, il y a un monde entre ce gamin de banlieue en cape des puces et mauvais shetland qui prend le train et le bus pour aller au Golf Drouot (Ah ! “Les Coeurs Verts!”, ce chef-d’oeuvre néoréaliste) et les jeunes chanceux en MG qui rôdent autour du Troca avant d’aller glaner des adresses de rallyes au Drugstore. Jacques Mercier, leader des Jelly Roll et figure incontournable de tant de groupes des sixties m’avait résumé ça un jour, d’une moue explicite : “Ronnie Bird ? Oui, OK. Bon d’accord. M’enfin, c’était un fils de bourge. Je préférais Noël Deschamps. Et de loin”. Les faubourgs et les quartiers ne descendaient pas au Drugstore ou au Cherry Lane, ne traînaient pas au Bilboquet. Ils allaient au Golf Drouot.