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Rééditions, nouveautés et 45 tours : le point sur les meilleurs microsillons du moment.
Rééditions The Flaming Lips “Hear It Is” “Oh My Gawd!!!... The Flaming Lips” “Telepathic Surgery” Rhino
Les premiers disques des Flaming Lips ont souvent mauvaise presse, surtout en regard de l’oeuvre postérieure du groupe depuis “The Soft Bulletin” et “Yoshimi Battles The Pink Robots”, chefs-d’oeuvre de pop cosmique et sophistiquée. On les dit erratiques, brouillons, bref, difficiles. La réédition vinyle des trois premiers albums de la formation est l’occasion d’une réévaluation nécessaire. Inégaux, certes, ces disques fourmillent d’idées géniales, de mélodies pop classieuses (“Godzilla”, “Can’t Exist”) et de trips déjantés aux titres mémorables (“One Million Billionth Of A Millisecond On A Sunday Morning”). C’est du rock psychédélique lo-fi conçu par des weirdos venus du fin fond de l’Oklahoma, des héritiers de Syd Barrett et Butthole Surfers. Des trois disques, “Hear It Is” est incontestablement le plus équilibré, les deux autres se montrant parfois patauds, mais l’ensemble mérite reconsidération.
The Scientists “Weird Love” Numero Group
Dans la liste des groupes punk influents mais trop méconnus, The Scientists ont longtemps été plombés par l’absence de distribution de leurs albums en dehors de l’Australie. C’est pour combler ce manque que “Weird Love” a été conçu, en 1986, pour le marché américain. Le groupe — qui n’a pas manqué de choisir ce moment précis pour imploser — y reprend ses propres morceaux issus de singles et EP avec mordant pour une dernière défaite magnifique. S’il faut posséder un seul disque des Scientists, c’est peut-être celui-ci.
Garbage “Version 2.0” Stun volume/ Pias/ Liberator Music
On oublie aujourd’hui à quel point la fin des années 90 fut difficile pour les amateurs de rock, coincés entre trip-hop neurasthénique, punk à pantacourts et clones chouinards de Thom Yorke. Dans ce contexte, Garbage a eu l’immense mérite d’apporter de l’attitude et de l’étrangeté, porté par une chanteuse au charisme incandescent et un mélange de rock et de beats électroniques. Son deuxième album, qui s’offre pour ses 20 ans un seyant double-vinyle orange, est une formidable synthèse des obsessions findesiècle de l’époque, une machine à tubes (“When I Grow Up”, “Special”) qui a étonnamment bien vieilli.
The Petards “The Petards” Bear Family
Le deuxième album de ces Allemands est encore plus étonnant que celui réédité par Bear Family (déjà) le mois dernier. Sur cet album homonyme publié en 1968, on découvre un groupe heavy, qui compose 100% de son répertoire et qui délaisse la pop pour des morceaux au groove bluesy (“Out In The Rain”), à la saveur freakbeat (“Flittermouse”, “Tonight”), où brille un chanteur à la voix digne de John Fogerty. Quelques belles ballades persistent toutefois (“The Fountain”). Cette réédition propose un poster (“inklusivegrossfoto”) que les amateurs de belles moustaches apprécieront.
The Psychedelic Furs “The Psychedelic Furs” “Talk Talk Talk” “Forever Now” “Mirror Moves” “Midnight To Midnight” “Book Of Days” “World Outside” Sony Music
Quand certains rééditent leurs albums au compte-gouttes pour mieux tourmenter leurs fans, les Psychedelic Furs en publient la totalité d’un trait — sept LP publiés entre 1980 et 1991 — afin d’accompagner la reformation scénique du groupe. De cette discographie étonnamment homogène, on retiendra surtout les deux premiers albums, post-punk et sombres, où la voix éraillée de Richard Butler complète à merveille la guitare tortueuse de John Ashton. Dès le troisième, le groupe s’enferme dans un pastiche un peu guimauve du Bowie 80, honnête mais horriblement daté (l’écoute comparée des versions de 1981 et 1986 de “Pretty In Pink” en atteste).
Simply Saucer “Cyborgs Revisited” In The Red
Oublier Arcade Fire, Rush ou The Band : le meilleur groupe canadien de tous les temps s’appelle Simply Saucer. C’est ce qui se dit là-bas, où le culte autour de ce groupe grandit depuis vingt ans. Formé au début des années 70, Simply Saucer ne ressemblait à rien de connu avec son énergie proto-punk, ses riffs stoogiens et ses ambitions psychédéliques (imaginer le Velvet Underground période John Cale accéléré et augmenté de claviers space). De son vivant, le groupe n’est jamais sorti de l’Ontario mais a laissé quelques traces phonographiques de son existence. C’est ainsi que fut publié, en 1989, “Cyborgs Revisited”, compilation d’une session studio enregistrée avec Daniel Lanois en 1974 et d’un live furieux de 1975. Réédité avec moult bonus sur In The Red, c’est un chef-d’oeuvre à la hauteur de sa légende.
Simon Dupree & The Big Sound “Without Reservations”
Music On Vinyl On les connaît surtout pour “Kites”, chanson pop classieuse entrée dans le Top 10 en 1967 et souvent compilée sur les anthologies psychédéliques. Pourtant, l’unique album des écossais Simon Dupree & The Big Sound révèle un groupe versé dans la blue-eyed soul (un genre déjà passé de mode à l’époque). Malgré ses reprises énergiques (superbes “Reservations” piqué à Albert Hammond et “60 Minutes Of Your Love” de Homer Banks), l’album fit un flop qui mena Simon Dupree à se convertir au prog sous le nom de Gentle Giant. Misère...
Colin Blunstone “Collected” Music On Vinyl
C’est sur un magnifique double vinyle blanc que sort une anthologie qui retrace cinq décennies de Colin Blunstone. Les tubes des Zombies (“Tell Her No”, “Time Of The Season”) et les plus belles chansons issues de “One Year” et “No Other” (merveilles de pop baroque) forment un premier disque éblouissant. Le second se concentre sur la suite de sa carrière, plus méconnue, avec ses contributions à The Alan Parsons Project ou son duo avec Dave Stewart, ce qui permet de se rendre compte à quel point sa voix d’ange peut sublimer des morceaux médiocres.
Mr Airplane Man “Mr Airplane Man” Beast
Duo féminin blues-punk qui a connu son heure de gloire quand les White Stripes ont secoué le rock américain au début des années 2000, Mr Airplane Man s’est récemment reformé. Outre un nouvel album (“Jacaranda Blue”), une compilation qui rassemble les meilleurs morceaux des trois (introuvables) albums parus sur Sympathy For The Record Industry entre 2001 et 2004 sort en vinyle. Un best of empli de guitares lo-fi et de chansons inoubliables (“Wait For Your Love”) qu’on est heureux de retrouver.
Nouveautés 39th And The Nortons “Mourning Waltz” Croque Macadam
Personnage attachant de la scène rock parisienne, l’anglais Nick Wheeldon multiplie les projets au gré de son inspiration (garage rock avec Os Noctambulos, acoustique avec Dead Melodies). Avec 39th And The Nortons, c’est un visage folk-rock qu’il dévoile, entouré de fines lames de la scène locale (dont Loïk Maille, alias Jaromil Sabor). Guitares acoustiques, claviers à la Al Kooper, et mélodies déchirantes (“21.01”, “I Realise”) sont au programme de ce disque magnifique publié sur un étonnant disque bariolé.
45 tours Parquet Courts “Total Football” Rough Trade
FuckTomBrady! annonce fièrement la pochette. Le football, pour Parquet Courts, n’est pas celui qu’on pratique aux Etats-Unis avec des casques et un ballon ovale. Pour célébrer cet amour du soccer sur son nouveau single, le groupe propose une planche d’autocollants, façon Panini, avec vignette de chaque musicien à coller. Un objet fun pour un des morceaux de l’année. ❏