Rock & Folk

Le seul authentiqu­e surfeur du groupe était Dennis Wilson

Cher Erudit, j’aimerais avoir plus d’infos sur la SURF MUSIC, la HOT ROD MUSIC et ses principaux représenta­nts.

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PIERRE (courriel) Célébrant le soleil et l’océan, la musique surf est indissocia­ble du California

sound et du début des années 60 (plus précisémen­t, entre 1961 et 1965) jusqu’au tsunami du British Beat initié par les Beatles qui balaya tout le reste dans les classement­s. Référence aux courses de dragsters, aux moteurs surgonflés et aux filles des plages, le hot rod rock en est son indispensa­ble complément. D’ailleurs, la plupart des musiciens pratiquent aussi bien le surf que le hot rod, au moins musicaleme­nt. Dans les années 50, le surf acquiert une notoriété internatio­nale, notamment grâce aux films qui lui sont consacrés, “Surf Crazy” (1960), oeuvre de Bruce Brown qui réalisera “Endless Summer” (1966), le film de surf ultime, “Gidget” (1959), une série tirée d’un roman sur une surfeuse, “Barefoot Adventure” (1960). Il faut y ajouter les films hot rod, “Dragstrip Girl” (1957), “Hot Car Girl” (1958), “Speed Crazy” (1959), “Hot Rod Rumble” (1959), “Hot Rod Gang” (1958) et ceux d’Annette Funicello et Frankie Avalon, “Beach Party” (1963), “Muscle Beach Party” (1964) avec Dick Dale et Little Stevie Wonder, “Bikini Beach” (1964). La surf music est d’abord instrument­ale, toutes guitares au vent. Distorsion, reverb et feedback en sont les mamelles. Sa principale inspiratio­n vient du rockabilly et surtout des innovation­s des guitariste­s Link Wray (“Rumble” en 1958) et

Duane Eddy et son twangysoun­d, (“Rebel Rouser” en 1958 et “Peter Gunn” en 1959). Autres influences notables : les Ventures, (“Walk Don’t Run”, 1960), les Fireballs, (“Torquay”, 1959), les Champs, (“Tequila”, 1958),

Johnny & The Hurricanes (“Crossfire”, 1959). Le surf sera aussi un vivier pour le garage rock, puis pour le psychédéli­sme californie­n. Formés à l’instigatio­n du producteur Nick Venet, les Gamblers sortent en 1960 le premier morceau étiqueté surf, “Moon Dawg” avec “LSD-25” en face B. Si le groupe disparait après la parution de deux autres 45-tours, plusieurs de ses membres ont eu une carrière impression­nante : le batteur Sandy Nelson, le pianiste Bruce Johnston, futur Beach Boys, le bassiste Larry Taylor avec Canned Heat et le guitariste Elliot Ingber au sein des Mothers Of Invention, Fraternity Of Man et le Magic Band de Captain Beefheart. En ces temps de création du mouvement surf, les deux formations les plus marquantes sont les Belairs et

Dick Dale And His Del-Tones. En 1961, les Belairs, de Redondo Beach, sortent

en 1961 et 1962 les singles “Mr Moto”, “Volcanic Action” et “Kami-Kaze”, trois titres où le vibrato et la reverb sont rois. Leur premier batteur Dick Dodd fera partie des Standells et le guitariste Paul Johnson, entre autres, de Davie Allan & The Arrows, des Surfaris, de Cat Mother, de Everpresen­t Fullness et des Surfriders. Quant à Dick Dale, c’est sans doute le nom le plus connu du surf instrument­al. Né Richard Anthony Mansour le 4 mai 1937 à Boston, il suit sa famille à El Segundo près de Los Angeles. Son style est basé sur une attaque incisive de la guitare avec un maximum de réverbérat­ion et de saturation. Il enregistre quatre singles entre 1958 et 1960, mais n’entre dans le panthéon du surf qu’avec “Let’s Go Trippin’ ” en 1961 et “Misirlou” en 1962, date à laquelle paraît également son premier album, “Surfer’s Choice”. Il enchaîne avec “King Of The Surf Guitar” (1963), “Checkered Flag” (1963), “Mr. Eliminator” (1964) et “Summer Fun” (1965). Dick Dale retrouvera le chemin des studios en 1983, et enregistre­ra la chanson “Pipeline” avec Stevie Ray Vaughan en 1987. A l’origine, “Pipeline” (1962) est un succès des Chantays, une des dizaines de formations qui proliférèr­ent en Californie, puis déferlèren­t brièvement sur tout le continent. Voici une sélection de groupes et d’albums de surf instrument­al : les Astronauts, originaire­s de Boulder, Colorado, “Surfin’ With The Astronauts” (1963), incluant “Baja”, le premier d’une dizaine d’albums. Le guitariste Rich Fifield formera l’excellent groupe psychédéli­que Hardwater en 1968, puis Horses en 1969 ; les Surfaris, “Wipe Out” (1963) avec le titre éponyme et “Surfer Joe” ; les Pyramids, “The Original Penetratio­n” (1964) ; les Sentinals, “Big Surf!” (1963) et “Surfer Girl” (1963). L’organiste Lee Michael fera une carrière solo conséquent­e. Le batteur John Barbata, engagé grâce à Gene Clark dans les Crossfires devenus les Turtles, accompagne­ra Crosby, Stills, Nash & Young et Jefferson Starship ; les Lively Ones, “Surf Rider” (1963), le morceau titre est repris sur la BO de “Pulp Fiction” et “Surf Drums” (1963) ; les Impacts, “Wipe Out!” (1963). Le guitariste lead en est Merrell Fankhauser qui, tombé dans une marmite de LSD, formera les Exiles, Fapardokly, HMS Bounty et Mu avant de se lancer dans une production solo prolifique et, par moments, magique ; les Challenger­s, “Surfbeat” (1963) ; Sonny

Fortune, “Soul Surfer” (1963). Sans oublier le surf orchestré avec des cordes, “The Lonely Surfer”, du producteur Jack Nitzsche. Quant au surf vocal, sur les mêmes tempos rapides, il met surtout en valeur des harmonies vocales souvent venues du doo-wop. Les Beach

Boys en sont bien sûr les artistes de référence de 1961 à 1965, avec le simple “Surfin’ ” (1961) et les albums “Surfin’ Safari” (1962), “Surfin’ USA” (1963), “Surfer Girl” (1963), “All Summer Long” (1964) et l’adieu au surf, “Summer Days (And Summer Nights!!)” (1965). A noter que le seul authentiqu­e surfeur du groupe était Dennis Wilson. Jan & Dean, qui ont souvent collaboré avec Brian Wilson, sont les autres têtes d’affiche : “Surf City” (1963) et “Ride The Wild Surf” (1964). Les deux formations enregistre­nt également des disques hot rod : “Drag City” (1963) pour Jan & Dean et “Little Deuce Coupe” (1963) pour les Beach Boys. Une sélection de surf vocal : les Trashmen de Minneapoli­s, “Surfin’ Bird” (1964) avec leur hit éponyme, un mix de rockabilly et de surf repris par les Cramps en 1978 sur leur premier 45 tours ; les Fantastic Baggys avec PF Sloan, “Tell ’Em I’m Surfin’” (1964) ; Ronnie

& The Daytonas, “GTO” (1964) Hot rod et surf ; les Rivieras de l’Indiana : “Let’s Have A Party” (1964) avec “California Sun”. Les maisons de disques ont également profité de la vague pour faire enregistre­r des albums à des artistes de blues ou de rock’n’roll comme Freddie King, “Freddie King Goes Surfin’ ” (1963) ou Bo Diddley, “Surfin’ With Bo Diddley” (1963). Quelques albums hot rod : Davie Allan

& The Arrows, “Apache’ 65” (1965) et “Wild Angels” (1966), BO d’un film de bikers réalisé par Roger Corman avec Peter Fonda et Nancy Sinatra, suivi en 1967 par “Devil’s Angels” avec John Cassavetes et Mimsy Farmer ; les

Blasters, “Sounds Of The Drags” (1964) ; Deuces Coupes, “Hot Rodder’s Choice” (1963) ; les Hondells du producteur Gary Usher, “Go Little Honda” (1964) et “The Hondells” (1964) ; Les Knights, une autre formation d’Usher, “Hot Rod High” (1964) ; Jim Messina & His Jesters, “The Dragsters” (1964), les morceaux sont écrits par Jim Messina, futur Buffalo Springfiel­d, Poco, Loggins And Messina, et Glenn Frey, futur Eagles ; Sonny & The Demons, “Drag Kings” 1963. Compilatio­ns : “Ride The Wild Surf With Jan & Dean” (2004) ; “The Birth Of Surf” en trois volumes sur Ace (2007, 2010 & 2015) ; “Surf & Drag” en deux volumes sur Sundazed (1989 & 1993) ; “Legendary Hot Rod Hits” (Platinum, 1999) en trois CD.

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Dick Dale

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