Rock & Folk

THE PRODIGY

Ces Anglais technoïdes sont de retour. Effraient-ils toujours le bourgeois, comme aux heures fluorescen­tes des années 90 ?

- Olivier Cachin

LE BRUIT ET LA FUREUR, c’est eux : depuis le début des années 1990, The Prodigy représente l’électronic­a en mode énervé, à base de BPM en fusion, offrant un spectacle live où les sacrements sont assurés par les prêtres du chaos Keith Flint et Maxim, tandis que le

mastermind Liam Howlett balance des orgies de décibels grâce à ses machines en surtension. C’est à Londres que l’on rencontre les trois prodiges, quasi quinquagén­aires, à l’étage d’un pub où ils ont leurs habitudes promotionn­elles. L’occasion de parler technique, techno, punk, Bosnie, drogue et presse musicale.

En Sibérie

ROCK&FOLK : Malgré vos racines techno, vous avez toujours été un groupe de scène.

Liam Howlett : Quand j’ai rencontré Keith, on allait à des raves et on y a vu quelques groupes qui nous ont inspirés. J’avais cinq ou six maquettes, je les ai fait écouter à Keith, Maxim a débarqué, on a fait notre premier concert et tout est parti de là. R& F : Le même genre d’histoire que celle des Sex Pistols inspirant les punks anglais, donc. Liam Howlett : Oui, tout le monde peut le faire. Pour y arriver, il suffit de s’impliquer et d’avoir de l’originalit­é. R&F : Dès vos débuts, vous utilisez des voix samplées et accélérées. Au même moment à New York, RZA fait pareil sur ses production­s pour le Wu-Tang Clan. Qui a eu l’idée en premier ? Liam Howlett : Moi ! Bon, il est clair que RZA n’écoutait pas de rave music mais je vais vous dire, tout ça est lié à la technologi­e de l’époque. On ne pouvait pas utiliser des samples trop longs sur les machines, donc on devait pitcher les voix, comme le Wu-Tang. Ça a créé un style. Sans vouloir être rétro, on utilise la même méthode aujourd’hui parce que c’est devenu notre signature, mais, sur “No Tourists”, nous avons faits nous-mêmes les samples de voix. C’est devenu compliqué de sampler d’autres disques, on préfère ne pas risquer de zapper un morceau au dernier moment à cause d’une autorisati­on refusée. R&F : C’est dur de rester créatif après 20 ans d’activité ? Keith Flint : On a tellement d’influences qu’on ne reste pas coincés sur une époque, et puis la scène nous amène à rencontrer des publics différents. On s’est retrouvé en Bosnie à la fin de la guerre, on a aussi joué en Russie, en Sibérie. Ils sont à fond, là-bas. Liam Howlett : On ne cherche pas un nouveau son, on a un son. Ça me fatigue toujours quand j’entends des groupes dire qu’ils cherchent une autre direction, c’est un manque de confiance en soi. Change le nom de ton groupe, alors ! Quand on parle de The Prodigy, on sait quel putain de son on va entendre. La question, c’est celle des chansons, elles doivent être excitantes. Keith Flint : Les gens veulent cet assaut sonore. Quand ils entendront le nouvel album, ils vont vouloir retrouver cette énergie sur scène.

D’abord les acides

R&F : La musique électroniq­ue n’est plus systématiq­uement liée à la drogue, comme c’était le cas à l’époque des raves.

Liam Howlett : Les gamins changent. Au début, la culture rave s’est construite sur la drogue, d’abord les acides puis l’ecstasy. Peut-être qu’aujourd’hui, les gamins prennent moins de drogue, je ne sais pas.

Maxim : Sur scène, on doit se donner à fond. On n’a jamais été là-dedans.

Keith Flint : Sinon on n’aurait pas pu offrir de telles performanc­es. Mais on a toujours des gusses qui viennent nous dire : “Oh, vous devez vous défoncer pour être comme ça sur scène !” Liam Howlett : Quand on joue live, je ne bois même pas, l’énergie du concert est tellement plus forte ! En sortant de scène, je suis défoncé à l’adrénaline.

R&F : Vous êtes contents des premières réactions sur le nouvel album ?

Liam Howlett : La réaction du public quand on joue les nouveaux morceaux en concert, ça me suffit. On ne lit jamais la presse, ça n’a aucun intérêt pour nous car on sait ce qu’on fait. ★

“Sans vouloir être rétro...”

Newspapers in French

Newspapers from France