JIMMY PAGE
La concrétisation d’un plan redoutable ourdi par le guitariste, laissant derrière lui un groupe blues superbe mais dysfonctionnel pour fonder le quartette qui fit sa gloire.
L’ANNEE 2018 ETAIT – AUSSI – CELLE DU CINQUANTENAIRE DE LA NAISSANCE DE LED ZEPPELIN. Voilà qui aurait pu constituer le prétexte idéal pour une série de célébrations. Jimmy Page avait même laissé entendre que, peut-être, éventuellement... Hélas, rien n’a filtré, ni réunion évènement, ni une petite possibilité d’interview, ni même le moindre inédit, la quasi-totalité de l’oeuvre ayant été copieusement rééditée ces dernières années. Il demeure néanmoins passionnant de se pencher sur cette période charnière où les Yardbirds sont devenus Led Zeppelin, symbole a posteriori édifiant du passage des sixties frémissantes aux fuligineuses seventies. Qui est réellement ce mystérieux monsieur Page ? Pour le savoir, il faut enquêter du côté de la paisible bourgade d’Epsom, dans le comté du Surrey. Jimmy Page est un gamin solitaire, secret, sibyllin, qui se saisit pour la première fois d’une guitare acoustique à quinze ans, un peu par hasard. Il se lance dans l’apprentissage du très populaire skiffle, avant de se faire saisir par le démon du rock’n’roll. Comme bien d’autres à la même époque. Il voue un culte à James Burton, et déjà la rumeur bruisse : il y aurait, non loin de là, un autre obsédé de guitare électrique... Un certain Jeff Beck. Ce nouveau partenaire de jeu lui enseigne le solo de “My Babe”, comme d’autres font des pactes de sang : les prémices d’une longue amitié. L’électricité est dans l’air, en ce début de décennie. En 1961, Jimmy acquiert une réplique britannique de la Fender Stratocaster, et se met en maraude. Il lui faut progresser, sans cesse, amasser de la connaissance.