Rock & Folk

“Nous sommes l’équipe de nettoyage du rock”

- Album “Why You So Crazy” (Dine Alone/ Caroline)

En 2004, sort “Dig”, un documentai­re consacré à deux groupes amis, The Dandy Warhols et The Brian Jonestown Massacre.

Zia McCabe : Nous pensions que ce film allait parler de notre musique et de notre relation avec The Brian Jonestown Massacre. Ce qui n’a pas du tout été le cas. Le film exclut cette fraternité qui existait entre nos deux groupes. Quand on a vu le résultat, c’était un coup de poing dans l’estomac. Décevant et embarrassa­nt.

Brent DeBoer : Quand Ondi (Timoner, la réalistatr­ice) est arrivée, j’ai commencé à noter qu’il y avait un élément de moquerie. Elle filmait des choses sans intérêt. Je pensais qu’elle faisait une version indie rock de “Spinal Tap”. Je lui ai dit que pour mon interview, je voulais être dans une baignoire (rires). Sa réponse : “C’est vraiment bizarre !” C’est ce que le batteur fait dans Spinal Tap ! Je ne pouvais pas croire qu’elle ne connaissai­t pas ce film.

Courtney Taylor : Notre relation avec le label s’effondrait. “Thirteen Tales” était devenu suffisamme­nt important pour que tous ces géants égocentriq­ues envahissen­t notre monde et exploitent notre naïveté. Le président de Capitol l’a fait, cette femme l’a fait. Nous avons tout fait pour que Anton (Newcombe) et le Brian Jonestown Massacre aient une carrière. Nous ne savions pas que nous allions devoir sacrifier la nôtre pour ça. Nous voulions les prendre en tournée avec nous, les aider à signer un contrat avec une maison de disques. Au lieu de ça, nous avons été divisés par cette femme méprisable, cette horrible personne. Nous avons réalisé qu’elle faisait tout pour les rendre jaloux et furieux. Nous sommes devenus ce groupe affreux en contrat avec une major. Nous avons été manipulés. On n’a pas eu le droit de regard sur le montage

(bien que Courtney Taylor assure la narration du film). Nos avocats ne nous ont pas protégés. On n’a pas gagné un centime avec ce film. Quand il est sorti et que nous sommes devenus instantané­ment des parias internatio­naux, nous n’avions plus d’amis avec qui jouer. Notre carrière s’est arrêtée. Ce film a détruit tout ce que nous avions construit, nous a réduit au niveau de succès que nous avions quatre ans plus tôt. Nous avons dû assumer et continuer parce que nous ne voulions pas arrêter à cause de cette putain de garce, cette immonde personne qui nous a constammen­t menti. Nous sommes redevenus un groupe indie.

Nous étions un groupe crucial

Courtney Taylor : Après nous avoir assuré que nous n’avions rien à craindre, le président du label s’est fait virer et le label nous a lâchés. Alors, on a fait “Odditorium Or Warlords Of Mars” avec une première chanson qui jamme pendant dix minutes et une dernière qui dure onze minutes. C’est l’approche Neil Young, quand tu sais que tu vas être largué. On a décidé de créer notre propre label, Beat The World et on a fait “Earth To The Dandy Warhols”. Brent DeBoer : C’est mon album préféré des Dandy Warhols.

Peter Holmström : C’est peut-être le plus sous-estimé de tous nos disques. Il n’a pas reçu l’attention qu’il méritait. Il vieillit super bien. Comme “This Machine”, un très bon album qui n’a pas reçu de bonnes critiques.

Courtney Taylor : Les gens ne comprennen­t pas toujours. Ils ne parlent pas le langage de la musique. Je suis dans un groupe avec trois des plus merveilleu­ses personnes que j’aie jamais rencontrée­s. C’est pour cela que j’ai monté ce groupe de cette manière, parce que même si ils n’étaient pas les meilleurs musiciens au monde, cela importait peu. Ce sont de super personnes qui, non seulement, apprécient d’être ensemble mais, aussi, prennent du plaisir à rencontrer des gens, s’entraident, restent positifs quand tu es constammen­t critiqué.

Peter Holmström : Nous avons influencé de nombreux groupes qui ont à leur tour influencé de nombreux groupes : Jack White, The Strokes, Black Rebel Motorcycle Club, ils sont tous venus à nos concerts. Kings Of Leon, Jet, The Vines...

Courtney Taylor : Nous avons très certaineme­nt changé des choses. Surtout au tournant du siècle, nous étions alors un groupe crucial. Nous n’avons pas eu de gros hits et nous ne vendons pas beaucoup de disques mais nous sommes un groupe influent. Nous sommes un groupe légendaire. ★

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